Les principales places financières internationales craignent une nouvelle récession aux Etats-Unis. La Maison-Blanche et la Banque centrale européenne (BCE) ont tenté, hier, tant bien que mal d'étouffer l'incendie financier qui ravage les marchés depuis la fin de la semaine écoulée. Les Bourses ont réagi, chacune dans son coin, diversement aux appels au calme provenant tantôt de la plus haute autorité monétaire de l'Europe, tantôt de la plus haute autorité politique des USA, en attendant la Réserve fédérale (FED), dont les patrons se sont réunis en catastrophe hier. Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a appelé, hier, les gouvernements européens, notamment italien et espagnol, à «faire leur travail, à la hauteur de leurs responsabilités», concernant notamment la réduction de leurs déficits. Jean-Claude Trichet avait été à l'origine de la crise boursière européenne de la semaine écoulée, en excluant l'Italie et l'Espagne d'une éventuelle opération de rachat de leurs dettes. La BCE n'avait pas précisé, la semaine dernière, la dette de quels pays elle comptait racheter. Les marchés s'attendaient à ce qu'elle intervienne sur les obligations de l'Italie et de l'Espagne, dont les taux obligataires ont atteint des records ces deux dernières semaines. Les premiers signaux de crise ont surgi ainsi la semaine écoulée au niveau des places financières du vieux continent, avant que la dégradation, vendredi dernier, de la note des USA par Standard & Poor's vienne compliquer davantage l'équation. Même s'il a tenté, hier, après coup, de rassurer les marchés européens quant au rachat de la dette de l'Italie et de l'Espagne, Jean-Claude Trichet n'a pas hésité tout de même à mettre à nouveau son grain de piment dans une sauce financière suffisamment brûlante et piquante. Le patron de la BCE a estimé que cette crise, qui a commencé en août 2007 avec le problème des subprimes (crédits hypothécaires) et s'est accentuée avec la chute de Lehman Brothers, aurait pu être encore plus sévère que celle de 1929. «C'est la crise la plus grave depuis la Deuxième Guerre mondiale», a commenté, hier, le président de la Banque centrale européenne. Il a appelé à l'occasion à «rétablir la confiance». «Je crois que cela aurait pu être la crise la plus grave depuis la Première Guerre mondiale, si, précisément, l'ensemble des responsables n'avaient pris des décisions très importantes», a-t-il ajouté. La confiance dont parlait M. Trichet ne semble pas s'installer de sitôt sur les marchés financiers qui ont carrément frôlé le krach la veille. Dans la journée d'hier, les principales places financières soufflaient le froid et le chaud, affolées par des craintes d'une nouvelle récession aux Etats-Unis et d'une contagion de la crise de la dette en zone euro. Sur une semaine, Paris avait perdu plus de 13%, Londres un peu plus de 15% et Francfort près de 19%. Cependant, l'annonce d'une réunion de la FED, prévue dans l'après-midi d'hier, a apaisé quelque peu les marchés. A la mi-séance d'hier, la Bourse de New York avait rebondi de sa pire journée depuis décembre 2010. L'indice vedette, le Dow Jones, gagnait 1,66%. Nombre de Bourses du vieux continent limitaient aussi la casse : Paris gagnait 0,18%, tandis que Londres perdait 0,39% et Francfort 1,21%. Milan (-1,31%) et Madrid (-1,61%). Les investisseurs ont subitement arrêté de liquider leurs titres à la mi-séance, convaincus que la Banque centrale américaine, qui se réunissait vers 14h GMT, devrait annoncer des mesures pour relancer la machine économique quelque peu grippée. Mais l'enjeu pour la FED n'est pas des moindres. Il consiste, en deux mots, à trouver les voies et moyens pour injecter des liquidités dans le système financier pour soutenir la croissance et éviter que les banques ne ferment le robinet du crédit. Lundi soir, Barack Obama a défendu le crédit américain dont la note a été dégradée par l'agence Standard & Poor's, soulignant que les Etats-Unis mériteraient toujours la note «AAA», sans toutefois convaincre ses adversaires républicains, ni Wall Street. La crise ne risque pas de s'estomper de sitôt.