De nombreux commerçants opérant dans l'informel ont reçu l'ordre de fermer boutique. Le mois de ramadhan n'est pas seulement un mois de piété, mais il est aussi une occasion annuelle de gagner beaucoup d'argent. Etant un mois de boulimique consommation, des commerçants de circonstance, des jeunes et moins jeunes, sautent sur cette opportunité pour vendre tout ce qui peut susciter l'appétit en tous produits et en tous les goûts. Ainsi, aux marchands de fruits et légumes, qui occupent à longueur d'année la moitié des rues et des places publiques, s'ajoutent les vendeurs de sucreries, très prisées pendant le ramadhan (zlabiya, qelb ellouz, baqlawa, pain gâteau, jus en sachet…), en plus d'une diversités de fruits (figues fraîches, figues de barbarie, raisins, etc.). Dans la ville de Bouira, des dizaines de jeunes, se sont transformés – chômage oblige ! – en petits commerçants durant le mois sacré et squattent sur le champ les espaces publics «inoccupés» dans la ville. À quelques heures avant la rupture du jeûne, moments suscitant une avidité incontrôlée chez le jeûneur consommateur, nos vendeurs installent leurs étals, dans l'anarchie, visiblement tolérés par les autorités. Le nombre de ce type de commerce ne cessant d'augmenter depuis le début du mois de jeûne, il est de ce fait presque impossible de circuler en ville, devenue un souk, sans quelque bousculade avec des piétons, des marchands, des automobilistes pris dans l'engrenage. Dans ce souk à grande échelle, le minimum de conditions d'hygiène dans lesquelles sont commercialisés tous les produits, n'existe pas. D'où les risques toujours grandissants quant à la protection de la santé dont les consommateurs, gagnés par la «fièvre acheteuse», ne semblent pas s'inquiéter outre mesure. Cette situation qui met le chef-lieu de wilaya dans une anarchie indescriptible, suscite l'ire des habitants qui se demandent où sont les services de l'Etat censés mettre de l'ordre dans nos villes ? Indignés par un tel état de fait de leur ville, ces citoyens interpellent les autorités compétentes, notamment la direction du commerce de Bouira, pour intervenir. Ne voulant certainement pas passer à côté de la plaque au long de ce mois, il faut dire que la direction de contrôle des prix (DCP) de Bouira a tenté de remettre de l'ordre dans l'activité commerciale en organisant des sorties avec ses 22 brigades à travers les 45 communes de la wilaya. Rien que pour les 10 premiers du ramadhan, ces brigades ont pu effectuer près de 700 interventions dans lesquelles elles ont relevé pas moins de 220 infractions à la règle du commerce. Elles ont réussi également à mettre la main sur plusieurs quantités de produits alimentaires et agroalimentaires avariés, alors que des commerçants, opérant dans l'informel, ont reçu l'ordre de fermer. Cependant, l'établissement de quelques PV (procès-verbaux) n'ont pas l'air de dissuader les nombreux jeunes commerçants à ne pas vendre des produits, périssables ou pas, à même les trottoirs sur la place publique, surtout lorsque le consommateur potentiel achète sans être regardant.