Occasion n Si le mois sacré est perçu par une bonne partie des musulmans comme une période de piété par excellence, d'autres y trouvent l'opportunité d'exercer de petites activités lucratives. A l'occasion du ramadan, qui coïncide cette année avec la saison estivale, certains saisonniers au niveau des plages et autres lieux touristiques ont dû par la force des choses s'improviser commerçants informels, adaptant ainsi leur activité aux spécificités du mois sacré. Et toutes les régions du pays sont marquées par ce phénomène conjoncturel. Aux bords des routes, sur les trottoirs, dans les marchés publics, devant les mosquées… Pratiquement aucun endroit n'est épargné par ce «boom» soudain de commerces de petites choses. De jeunes chômeurs, écoliers et étudiants en vacances, des pères de famille exerçant déjà une autre activité, des enfants issus de familles démunies et même des personnes âgées deviennent des marchands occasionnels et informels bien évidemment, l'espace de quelques semaines. Tout est bon à exposer. «Durant le ramadan, les Algériens mangent tout ce qui est consommable, à la seule et unique condition que ce soit un produit ‘'halal''», fait remarquer un jeune vendeur de pastèques et melons sur la route nationale menant d'Alger à Tizi Ouzou. Notre interlocuteur affirme avoir décidé de changer d'activité mais ses amis l'ont convaincu du contraire surtout durant ce mois. «Mes amis ont raison. Les ventes ont sensiblement augmenté les premiers jours du ramadan et je crois que la situation ira en s'améliorer dans les prochains jours», se félicite-t-il. A quelques mètres de là, allongé à l'ombre d'un arbre, sans porter aucune attention à sa «marchandise», visiblement épuisé par les épreuves de la vie, un homme d'un certain âge expose à la vente des figues fraîches et de Barbarie. Difficile d'aborder avec lui les circonstances qui l'ont contraint à passer toute une journée au bord de la route sous une chaleur suffocante, le ventre creux. «C'est un travail comme les autres», dit-il. «Je préfère vendre les fruits des arbres que j'ai moi-même plantés il y a plusieurs années plutôt que de voler ou agresser des gens pour gagner ma vie», ajoute-t-il, amer. Sa gêne est compréhensible : vendre des figues était jadis considéré comme un acte indigne en Kabylie. En effet, ces fruits-là étaient jadis offerts. D'autres citoyens optent pour la vente des fruits et légumes aux bords des routes et autoroutes à l'affût des personnes de passage pour pouvoir proposer leurs produits. Et de nombreux automobilistes et passagers préfèrent faire leurs courses «en plein air» fuyant les encombrements des marchés populaires. Les produits exposés, généralement des fruits et légumes frais à peine récoltés des champs, sont souvent moins chers comparés à ceux appliqués en ville. D'autres citoyens ont d'autres motivations. Ils veulent aider ces commerçants informels à gagner leur vie dignement. Un acte de solidarité qui ne dit pas son nom...