La décision du gouvernement de créer « une commission de contrôle des finances publiques » remet sur le tapis les différentes critiques sur la gestion des deniers publics émanant des institutions financières internationales, à l'instar du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale, mais aussi de l'ONG Transparency International. Dans son rapport de 2005, le FMI a catalogué l'Algérie au-dessous de la moyenne de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) dans les indicateurs de bonne gouvernance, en recommandant à l'Exécutif une plus grande transparence dans la gestion des recettes pétrolières. Le défi de l'Algérie, relèvent les experts du FMI, réside dans la manière avec laquelle seront contrôlées les hydrocarbures. Plus explicite, le FMI suggère de revoir le rôle et les procédures du Fonds de régulation des recettes pétrolières. Pour des considérations de transparence, l'institution monétaire propose l'idée « de transformer le Fonds de régulation des recettes pétrolières en compte » qui sera entièrement intégré dans le budget de l'Etat. Dans la même optique, le FMI insiste sur la bonne gestion des deniers publics et sur le rôle de la Banque d'Algérie dans le contrôle et la supervision des flux financiers. Qualifiant les banques publiques de « portefeuilles non performants », le FMI souligne que la réforme bancaire « est la clé des réformes ». Concernant les 60 milliards de dollars injectés dans le Programme de soutien à la relance économique (PSRE) pour 2005/2009, le FMI recommande que le gouvernement, en coopération avec la Banque mondiale, entreprenne une revue des dépenses publiques. Quant aux augmentations des salaires, le FMI estime qu'elles ne devraient pas excéder les augmentations de productivité du secteur hors hydrocarbures. Le constat du FMI est peu reluisant : une gestion étatique de l'économie, un environnement institutionnel faible et un secteur financier dominé par des banques publiques. « Une gestion saine des grandes ressources d'hydrocarbures » permettrait à l'Algérie d'accomplir sa transition vers une économie de marché et de stimuler l'investissement privé afin de diversifier l'économie et de créer des emplois, a conclu le FMI. De son côté, la Banque mondiale considère qu'en Algérie la « performance des institutions de gouvernance est perçue comme étant faible » en appelant les pouvoirs publics à concentrer leurs efforts sur les voies et moyens « d'accroître l'efficacité et d'assurer une gestion renforcée des dépenses publiques ». Une convention de coopération a été signée entre l'Algérie et la Banque mondiale dans le but de moderniser le système de gestion du budget. En guise de commentaire sur les 60 milliards de dollars du PSRE, les experts de la Banque mondiale soulignent : « L'Algérie a d'importants besoins en infrastructures de base, mais il ne faut pas perdre de vue le volet efficacité des investissements publics et celui de la gestion des ressources pétrolières. » La Banque mondiale plaide, enfin, pour une gestion pérenne et non conjoncturelle des dépenses publiques. Pour sa part, Transparency International (TI), ONG qui lutte contre la corruption, a classé l'Algérie, dans son rapport 2005, à la 97e place sur 158 pays avec une note de 2,8 sur 10. TI recommande de faciliter l'accès public aux informations sur les budgets, les revenus et les dépenses. La section en Algérie de TI, l'Association algérienne de lutte contre la corruption, indique : « La manne pétrolière entre les mains du pouvoir ne contribue qu'à entretenir cette corruption et les 60 milliards de dollars qu'a débloqués le gouvernement pour la reconstruction des infrastructures publiques sont la proie des prédateurs, la réglementation sur les marchés publics étant systématiquement détournée. » Autant d'indices qui illustrent que la commission de M. Medelci aura du pain sur la planche.