Le porte-parole du MAE, Amar Belani, a déclaré que «depuis quelques mois, l'Algérie est ciblée par un flot de fausses informations, dont le caractère fallacieux a été maintes fois prouvé». Les rebelles libyens ont signé hier une nouvelle avancée face aux brigades en déroute de Mouammar El Gueddafi en s'emparant de Ras Jedir, l'un des deux postes-frontières dont dispose la Libye avec la Tunisie. Le second, situé à 300 km plus au sud, non loin de la localité de Dehiba, est tombé entre les mains des insurgés depuis déjà plusieurs semaines. Sur le front Est, les pro-Gueddafi, qui avaient reculé de plus d'une centaine de kilomètres il y a quelques jours, résistent encore à Ben Jawad, à 140 km à l'est de Syrte, bombardant les rebelles, bloqués à Ras Lanouf, plus à l'est. L'OTAN a poursuivi vendredi ses frappes aériennes dans les environs de Syrte, touchant 19 cibles. A Tripoli, ville qui compte près de deux millions d'habitants, la population était confrontée hier aux pénuries d'eau courante et d'électricité sur fond d'accalmie des combats. La nuit de vendredi à samedi a été néanmoins émaillée d'explosions isolées et de rafales d'armes automatiques en particulier dans deux quartiers du sud de la ville, Abou Salim, réputée majoritairement pro-Gueddafi, et Salaheddine. Une semaine après le début de leur offensive sur Tripoli, les rebelles ont annoncé hier contrôler «entièrement» l'aéroport international et avoir libéré le quartier voisin de Qasr Ben Ghichir. Ils affirment également contrôler 95% de la capitale. La ville étant «pacifiée», les insurgés s'efforcent maintenant de réduire les derniers bastions de l'ancien «guide» à travers le pays. Sur le terrain des combats, l'une des priorités des rebelles reste l'arrestation de Mouammar El Gueddafi et de ses fils. Ils disent qu'ils ne proclameront pas la victoire avant d'avoir retrouvé le colonel El Gueddafi et ses enfants. Cependant, on ignore où se trouve l'ancien «guide» libyen, s'il est toujours quelque part dans Tripoli ou s'il a réussi à échapper aux mailles du filet tendu par les insurgés. Parmi tous les refuges possibles, les rebelles ont évoqué Syrte, sa région natale, à 360 km à l'est de Tripoli. Ils ont promis une récompense de près de 1,7 million de dollars pour le retrouver, mort ou vif. D'autres sources évoquent la possibilité également qu'El Gueddafi ait pu sortir de Libye et se réfugier dans un pays voisin. «Aucune Mercedes n'est entrée en Algérie !» L'agence officielle égyptienne Mena a soutenu qu'un convoi de six Mercedes blindées, qui pourrait transporter de hauts responsables libyens, voire El Gueddafi lui-même, est passé vendredi en Algérie par la ville frontalière Ghadamès. «Rien n'est confirmé», a déclaré à ce sujet le chef du «bureau exécutif» du CNT, l'équivalent du gouvernement, Mahmoud Jibril, au Caire pour des entretiens avec son homologue égyptien, Essam Charaf. De son côté, le ministère algérien des Affaires étrangères a démenti hier «de la manière la plus catégorique», l'information relayée par certaines rédactions et agences de presse sur le passage en Algérie d'un convoi de véhicules en provenance de Libye. Interrogé par l'APS au sujet de cette information, le porte-parole du MAE, Amar Belani, a déclaré que «depuis quelques mois, l'Algérie est ciblée par un flot de fausses informations, dont le caractère fallacieux a été maintes fois prouvé», soulignant qu'«il en est de même pour l'information diffusée par l'agence Mena au sujet de Mercedes qui auraient prétendument franchi la frontière algéro-libyenne». «Cette information, a affirmé le porte-parole, est dénuée de tout fondement et nous la démentons de la manière la plus catégorique.» L'Algérie, qui n'a pas reconnu le Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion, dit observer une «stricte neutralité» dans le conflit. L'Union africaine (UA) a, elle aussi, refusé vendredi de reconnaître la légitimité du CNT, jugeant la situation militaire encore trop instable. L'organisation panafricaine a par contre appelé à la constitution d'un «gouvernement de transition incluant toutes les parties». Les appels internationaux à la réconciliation et au renoncement à toute vengeance se sont également multipliés, aussi bien du côté de l'Union européenne que des Nations unies. La chancelière allemande a, quant à elle, estimé hier que l'ancien dirigeant libyen, s'il était arrêté, devrait être jugé par la Cour pénale internationale à La Haye. Angela Merkel, dont le pays avait refusé de participer à une intervention militaire en Libye, n'a pas exclu la participation de soldats de la Bundeswehr à une éventuelle mission de stabilisation de l'ONU.