La communauté internationale a débloqué, jeudi, 15 milliards de dollars pour aider le Conseil national de transition libyen à réaliser sa transition démocratique. Paris De notre correspondante De l'argent de l'ancienne Libye à la nouvelle Libye. Le CNT promet des élections dans vingt mois. Le président français, Nicolas Sarkozy, a annoncé jeudi que les participants à la conférence de soutien à la «Libye nouvelle» sont tombés d'accord sur la «demande unanime de levée du gel des avoirs libyens». «L'argent détourné par El Gueddafi et ses proches doit revenir aux Libyens», a annoncé le président Nicolas Sarkozy lors d'une conférence de presse, ajoutant: «Nous nous sommes tous engagés à débloquer l'argent de la Libye d'hier pour financer le développement de la Libye aujourd'hui.» Une quinzaine de milliards de dollars d'avoirs libyens ont ainsi été dégelés par les pays participants, selon le président Sarkozy. Après les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, la France a obtenu l'autorisation de débloquer une partie de ces avoirs, soit 1,5 milliard d'euros sur les 7,6 milliards détenus par des banques françaises.En Libye, «rien ne peut se faire sans la réconciliation et sans le pardon», a souligné Nicolas Sarkozy, qui annonce que «les participants vont demander au CNT d'engager un processus (...) pour que les erreurs faites dans d'autres pays dans le passé nous servent de lumière». Le président français a déclaré que les frappes aériennes de l'OTAN seront poursuivies tant qu'il y aura une «menace» des forces loyalistes menées par El Gueddafi. «Nous nous sommes mis d'accord pour la poursuite des frappes de l'OTAN tant qu'El Gueddafi et ses partisans seront une menace pour la Libye», a ajouté le président Sarkozy. De son côté, le secrétaire général de l'OTAN, le général Anders Fogh Rasmussen, a annoncé que «les opérations se poursuivraient aussi longtemps que nécessaire, aussi longtemps qu'il y aura une menace pour les civils». La conférence de Paris demande aussi l'élargissement de la reconnaissance des nouvelles autorités. «Nous sommes engagés à ouvrir au plus tôt de nouvelles ambassades à Tripoli», a dit Nicolas Sarkozy. Une soixantaine de pays et organisations internationales se sont réunis jeudi à Paris, sous la coprésidence de la France et de la Grande-Bretagne, pour discuter de l'aide d'urgence et de la reconstruction de la Libye nouvelle avec le Conseil national de transition (CNT), l'organe dirigeant de la rébellion, représenté par ses deux principaux responsables, Moustapha Abdeljalil et Mahmoud Djibril. Une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement ont fait le déplacement de la capitale française. Les Etats-Unis ont dépêché leur secrétaire d'Etat, Hillary Clinton. Parmi les délégations présentes, figurent celles de pays qui, comme la Chine et la Russie, ont exprimé de sérieuses réserves à l'encontre de l'intervention militaire de la coalition internationale aux côtés des insurgés libyens. La Russie a reconnu, jeudi, la légitimité du CNT. Parmi les grands pays invités, manquait l'Afrique du Sud, estimant que le recours à la force en Libye n'a pas été autorisé par l'ONU. Course aux contrats La reconstruction d'un pays riche en pétrole et en gaz et en manque d'infrastructures n'est pas sans susciter les convoitises. La concurrence sera très vive, beaucoup de pays, dont l'Italie, sont sur les rangs pour participer à la reconstruction. Toutefois, la France, qui ne manque pas de rappeler qu'elle est le premier pays à avoir reconnu le CNT comme représentant légitime de la Libye et son rôle dans la chute du régime d'El Gueddafi, veut la grosse part. Le quotidien Libération a publié jeudi une lettre présentée comme émanant du CNT qui promet à la France de lui attribuer 35% du pétrole brut libyen, en contrepartie de ce soutien. Ce document montre «clairement que des engagements chiffrés ont été pris il y a déjà plusieurs mois», rapporte le quotidien. Ce qui correspondrait à pas moins de 35% des nouveaux contrats pétroliers libyens. Ce document serait daté du 3 avril, c'est-à-dire 17 jours seulement après l'adoption de la résolution de l'ONU… La missive a été adressée au Qatar, pays qui sert d'intermédiaire entre la France et le CNT depuis le début du conflit, et une copie aurait été également envoyée au secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. Le porte-parole du CNT, Mahmoud Shammam, qui, selon le journal, aurait été désigné pour signer cet accord, a formellement démenti l'information. «C'est une blague, c'est faux», a-t-il dit à Reuters. Pour sa part, Alain Juppé a indiqué jeudi sur RTL ne pas avoir eu connaissance de cette lettre, mais a rappelé que le CNT avait «dit très officiellement que, dans la reconstruction de la Libye, il s'adresserait de manière préférentielle à ceux qui l'ont soutenu». «Et ça me paraît assez logique et assez juste», a-t-il ajouté. La présidence de la République a dit ne pas avoir d'autres commentaires à faire que les déclarations d'Alain Juppé. Le ministère de l'Energie et le groupe pétrolier français Total n'ont, quant à eux, pas souhaité s'exprimer.