Le gouvernement américain n'est pas indifférent aux déboires d'Orascom Telecom (OTA) en Algérie. C'est du moins ce qui ressort d'un câble publié sur le site WikiLeaks. L'ancien ambassadeur des Etats-Unis, David D. Pearce, a indiqué dans une note confidentielle datant de février 2008 qu'il avait exprimé, lors d'une rencontre avec l'ancien ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Hamid Temmar, les inquiétudes des investisseurs américains au sujet du litige qui existe entre OTA et l'administration fiscale. Le diplomate a révélé qu'il y avait des actionnaires américains de la maison mère qui étaient directement concernés par ce différend. Il a signalé que le Parlement US s'est également intéressé à cette question. L'ancien ambassadeur avait souhaité qu'il y ait «une solution juste et rapide» à ce problème. M. Pierce note dans un autre document rendu public par WikiLeaks que des responsables d'OTA et des représentants de l'ambassade d'Egypte ont été reçus à maintes reprises à l'ambassade pour déterminer la nature du conflit. Cela dénote, on ne peut mieux, l'intérêt que porte les autorités américaines à ce dossier qui reste toujours en suspens. L'auteur de la note estime que l'Algérie a eu «une réaction économique nationaliste» à la réussite d'OTA et aux transferts de centaines de millions de dollars de dividendes. Cette affaire a pris de l'ampleur avec le froid qui s'est installé entre Alger et Le Caire suite aux incidents ayant émaillé les matches de qualification à la Coupe du monde de football 2010. L'ancien ambassadeur relève que la médiatisation de ce différend est de nature à ternir l'image déjà peu reluisante du climat des affaires en Algérie. Le chargé d'affaires de l'ambassade d'Egypte, Hesham Abdel, aurait dit aux responsables de la chancellerie américaine que les dirigeants algériens utilisaient ce litige fiscal pour nuire au président déchu Hosni Moubarak. L'ancien ambassadeur américain souligne cependant qu'OTA est loin d'être exempt de reproches. S'appuyant sur les propos d'un analyste, il affirme que les propriétaires d'Orascom Telecom Holding auraient surestimé la valeur de l'entreprise qu'ils ont évaluée à 10 milliards de dollars. Cette donne est le résultat «d'une étude bâclée» qui a mis l'entreprise dans l'embarras dans lequel elle se trouve actuellement en faisant l'objet d'une enquête et d'une action judiciaire. Pour l'ancien ambassadeur US, l'affaire OTA est «une excellente illustration des problèmes réels auxquels sont confrontées les entreprises étrangères implantées en Algérie, étant donné l'attitude historiquement suspicieuse du gouvernement algérien à l'égard des investisseurs étrangers et la tendance à adopter des mesures contre leurs intérêts sans consultation préalable ni avertissement». La même source rapporte que le PDG d'OTA, Tamer Mahdi, et d'autres sources ont nommément accusé le Premier ministre Ahmed Ouyahia de s'en prendre à toute entreprise étrangère dont le chiffre d'affaires dépasse un certain seuil et qui ne bénéficie pas de la protection du président de la République Abdelaziz Bouteflika.