Evincé par deux fois des partis politiques qu'il a créés, Ennahda et El Islah, le retour sur la scène politique de Abdallah Djaballah se concrétise. Dimanche dernier, il a déposé le dossier d'agrément de son nouveau parti, le Front de la justice et du développement (FJD). Lors d'une conférence de presse animée hier à Alger, Abdallah Djaballah a tenu à souligner qu'aucun membre du parti dissous en 1992 n'a demandé l'adhésion à sa nouvelle formation, allusion faite aux éléments de l'ex-FIS. Toutefois, il n'écarte pas leur ralliement. «Le FJD est ouvert à tout citoyen jouissant de ses droits civiques», a-t-il indiqué. Pour sa première sortie médiatique, M. Djaballah a présenté les lignes directrices de son nouveau parti. Il explique que «le FJD est un parti réformiste ouvert à toutes les franges de la société. Ses objectifs principaux sont la renaissance islamique et la défense de la religion musulmane». Dans le même sillage, «par fidélité aux martyrs de la Révolution», affirme Djaballah, «le FJD rejoint les principes du 1er Novembre tracés pour la création d'un Etat démocratique, social, islamique et souverain». Après le dépôt du dossier d'agrément, le président du FJD s'est entretenu avec Daho Ould Kablia, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. Les deux hommes ont discuté des réformes lancées par le président de la République. «La commission de consultation sur les réformes devait rassembler autour d'une même table des personnalités compétentes et dotées d'une vision claire», a-t-il déclaré. Il reproche au chef de l'Etat de ne pas avoir opté pour «la meilleure formule». M. Djaballah estime que «la stabilité et le développement de l'Algérie ne peuvent se réaliser qu'avec l'entame de réformes crédibles en profondeur, qui garantiraient l'alternance des partis au pouvoir». Nous soutenons les révolutions arabes Le FJD apporte son soutien aux «révolutions contre les dictatures», est-il souligné. Le parti les définit comme «le début d'une nouvelle ère historique pour le présent et l'avenir de la nation arabe». Plus près de chez nous, selon le président du FJD, «l'heure est au réalisme». M. Djaballah dit déplorer «la position des autorités algériennes, qui ont soutenu El Gueddafi». Il recommande ainsi de nouer des relations avec le Conseil national de transition, car «il est le représentant du peuple libyen». «L'Algérie doit reconnaître le CNT et le soutenir pour la construction de la nouvelle Libye et l'aider à se libérer, ne serait-ce que peu, de l'influence exercée par le commandement de l'OTAN.» Par ailleurs, «le FJD condamne la répression sanglante du régime syrien qui tue, torture et emprisonne un peuple sorti pour réclamer la liberté et la justice», affirme M. Djaballah. Quant au Yémen, «son peuple est un exemple de patience, de sacrifice et de sauvegarde des bien-fondés de la Révolution, malgré les provocations du régime de Abdallah Ali Saleh qui pratique la torture et qui n'hésite pas à tuer les manifestants». «J'ai pardonné à tout le monde» Dernièrement, des câbles de l'ambassade américaine à Alger, publiés par WikiLeaks, révélaient «un complot pour écarter Abdallah Djaballah des commandes des partis Ennahda et El Islah, qu'il a successivement présidés». «Je le savais», a indiqué le président du FJD, tout en ajoutant : «J'ai pardonné à tout le monde et j'ai tourné la page.»