Distante de 7 km du chef-lieu de la commune d'El Khroub, Aïn N'hass est située dans un piémont au milieu des douars de Tabbla (Bentobbal), D'raouech, Kouaoucha (Kouachi), Bencherrad et Bencharif. Cette petite localité oubliée, qui tire son nom d'une source d'eau qui jaillit à partir d'une roche rougeâtre en forme d'une bassine en cuivre, a été peuplée par des tribus qui sont venues de Aïn Oualbane (Skikda) et Aïn Fakroune (Oum El Bouaghi). Ce hameau est sorti de l'anonymat une première fois après la réalisation de la voie express Constantine-Batna dans les années 1980 et ensuite après que deux militaires et un civil aient été égorgés et les viols de femmes par les terroristes islamistes en 1995. Cette terreur a contraint certains habitants à fuir leurs habitations en s'abritant chez des parents à El Khroub ou à loger dans des douches ou hammams. Auparavant, ces peuplades subsistaient de la petite agriculture et de l'élevage. Ces tribus vivaient en autarcie. Les mariages se faisaient dans la lignée de consanguinité. Les mariages précoces ont « accouché » de familles nombreuses dont « certains enfants ne sont même pas enregistrés à l'état civil », nous confie un ancien instituteur qui a découvert « des cas d'arriérés mentaux parmi les élèves scolarisés qui ne sont pas pris en charge par leurs parents connus qui sont des thésaurisateurs ». La malnutrition et l'absence d'hygiène ont été source de résurgence de certaines maladies. En 2001, la gale a atteint beaucoup d'enfants, et il a fallu l'intervention du directeur de l'école de l'époque pour que les services concernés dépêchent un médecin de l'Unité de dépistage scolaire (UDS) d'autant que les foyers étaient dépourvus de raccordement en eau potable et d'égouts. La plupart des habitants utilisaient les fosses septiques pour faire leurs besoins. Depuis, de nouvelles constructions en lotissements et en logements évolutifs ont été réalisées. Les occupants sont venus de divers horizons de la ceinture de l'habitat précaire de Constantine qui détient la palme d'or en la matière ! Le changement sociologique introduit par la mobilité des populations venues de Oued El Had, de Boumerzoug et d'El Manchar a bouleversé les habitudes des autochtones qui se sont convertis en transporteurs et se livrant à une concurrence souvent violente. Une bagarre générale s'est déclenchée entre deux tribus à propos du transport. Il y a même eu des blessés et des dégâts matériels. Pas moins de 10 microbus assurent la desserte Aïn N'hass-El Khroub sans compter les innombrables bus qui empruntent l'autoroute menant à Constantine. Il est à signaler le risque imminent que représente le simple fait de traverser la voie rapide. Néanmoins, les habitants de cette contrée se plaignent de la carence en eau potable et de sa mauvaise qualité qui leur impose d'aller la chercher ailleurs dans les sources de Oued Fantaria. L'alimentation en gaz butane constitue un véritable souci de ces populations surtout en cette période d'hiver. Le froid glacial et l'humidité paralysent ces habitants et beaucoup d'entre eux souffrent de maladies pulmonaires surtout chez les acquéreurs des nouvelles constructions. « Les élèves ne peuvent plus étudier leurs leçons à la maison », affirme un habitant qui certifie que son maigre budget est saigné par l'achat d'une bouteille de gaz tous les cinq jours rien que pour le chauffage ! Ces habitants espèrent une réaction des pouvoir publics quant à un raccordement au gaz de ville dont la conduite se trouve à quelque 2300 m de chez eux. La salle de soins ouverte récemment et sans chauffage est gardée par un employé recruté dans le filet social à raison de 2200 DA/mois pendant que le personnel médical n'observe pas une ponctualité pour la prise en charge des patients d'une population longtemps marginalisée et livrée à elle-même. Les habitants des localités environnantes de la commune d'El Khroub végètent dans le dénouement et la misère pendant que l'argent du développement (350 000 000 DA) n'est pas consommé par les locataires de l'APC !