L'assemblée populaire de la wilaya (APW) de Béjaïa a examiné mercredi dernier le dossier de l'enseignement supérieur en l'absence du recteur, représenté, à l'occasion, par trois de ses vice-présidents. Deux points, au moins, ont marqué les débats. D'abord, celui qui fait l'actualité, à savoir le gel de trois filières : économie, droit et sociologie. «Veut-on arabiser ces filières en les déplaçant ailleurs ? Qui en a décidé ?» se sont interrogés des élus. Des contingents de nouveaux bacheliers de la wilaya de Béjaïa, pas moins de 3 956 nouveaux bacheliers, qui ont «choisi» surtout ces filières ont été orientés vers d'autres wilayas, Sétif, Jijel et Khemis El Khechna, essentiellement. Le département des sciences économiques, qui reçoit en moyenne 2000 étudiants chaque année pour un cursus en français, n'en a reçu aucun cette année. Tous ou presque ont été affectés vers Sétif où l'enseignement de cette filière est en langue arabe. D'où le soupçon de beaucoup d'observateurs d'existence d'une volonté inavouée de venir à bout de la dernière «poche» francophone. Ce qui est avoué, cependant, c'est qu'un sérieux problème de manque de places pédagogiques étouffe l'université de Béjaïa. Les projets de 6000 places projetées à El Kseur et autant à Amizour ne sont pas encore lancés. «Dès qu'il y aura des places disponibles nous permettrons aux étudiants transférés ailleurs de revenir à Béjaïa» a tenté de rassurer M. Benamor, vice-recteur, qui précise que la délocalisation de ces filières est une décision du ministère de l'enseignement supérieur et que celle-ci n'est que «temporaire vu les contraintes que vit l'université de Béjaïa». «Et puis, vous le savez, les capacités d'accueil de l'université de Sétif sont loin de celles de l'université de Béjaïa» ajoute-t-il. Un grand écart en défaveur de l'université de Béjaïa qui est passée, est-il- annoncé, «université à part entière» en… décembre 2010. Cependant, le problème des infrastructures n'a pas empêché l'ouverture de la filière des sciences infirmières, à recrutement national, avec 340 étudiants inscrits, dont près de 79% venus d'autres wilayas.En tout, 1254 nouveaux bacheliers viennent de wilayas dont les universités de certaines offrent pourtant des formations dans les filières choisies. L'autre critère qui a présidé à cette délocalisation, c'est le taux d'encadrement «trop faible» à Béjaïa. «Nous avons un certain nombre de postes de recrutement et nous espérons une amélioration du taux d'encadrement l'année prochaine» tente aussi de rassurer M. Benamor, interpellé sur «l'agression» par des étudiants, recrutés pour la vigilance la veille du dernier forum de l'université, d'un enseignant qui affichait une déclaration au non d'un collectif contestant la tenue de ce forum. «Un enseignant qui passe par la voie hiérarchique peut afficher si cela concerne la pédagogie. Il n'y a jamais eu d'opposition pour des affiches portant des cachets» réplique M. Benamor, dont les propos sont contredits, relève-t-on, par l'affichage à grande échelle, au campus d'Aboudaou, d'un communiqué anonyme qui avait pris le parti du rectorat pendant la crise qui a secoué l'université.