Consternation et indignation, hier, à Fréha, 30 km à l'est de Tizi Ouzou. La population est toujours sous le choc après la bavure militaire qui a coûté la vie à une femme, âgée de 55 ans. La victime, Zahia Kaci, née Ibsaïne, a été tuée, dans la nuit de dimanche, alors qu'elle revenait, avec deux autres femmes, d'une veillée funèbre en empruntant un chemin à proximité de la caserne de l'ANP, sise à la périphérie de la ville. «Nous avons entendu des rafales vers 22 h. On a pensé tout de suite à un accrochage avec un groupe terroriste. La malheureuse défunte a emprunté, avec deux autres femmes, un raccourci qui longe la caserne de l'ANP. Elles ont toujours l'habitude de passer par là, mais, cette fois-ci, elles ont essuyé des tirs des militaires», nous a raconté, hier, un citoyen rencontré devant la maison de la victime. Un autre, un jeune, enchaîne avec beaucoup de colère et d'indignation : «Après avoir tué la victime, des militaires ont récupéré sa dépouille alors que d'autres ont investi tout le voisinage. Moi-même, j'ai failli être criblé de balles quand je suis sorti de la maison pour voir ce qui se passait.» Avec beaucoup d'émotion, les deux accompagnatrices de la défunte racontent : «Quand on est arrivé à proximité du cinquième poste de surveillance, j'ai entendu le bruit d'une manœuvre d'une kalachnikov. Juste quelques secondes après, on a essuyé des tirs. Une balle, ou bien plusieurs, je ne sais pas exactement combien, atteint Zahia. J'ai essayé de la secouer un peu mais finalement elle gisait dans une mare de sang», témoigne Ouardia en retenant difficilement ses larmes. «J'ai entendu les militaires des autres postes crier à l'endroit de leurs collègues : ‘‘Ne tirez pas, ne tirez pas.'' Cela n'a pas pu empêcher le drame.» Les témoignages sont émouvants dans la mesure où les citoyens, particulièrement les jeunes que nous avons approchés hier à Fréha, sont unanimes à dire qu'il s'agit d'un «acte irresponsable à l'égard de paisibles citoyens». Il est utile de préciser que la défunte est mère de 14 enfants, 9 filles et 5 garçons, qui évoluent dans des conditions sociales très difficiles. Zahia Kaci a été enterrée, l'après-midi, au village Taguersitf, en présence du wali, du vice-président de l'APW et des représentants des autorités militaires de la région. «Je présente les condoléances au nom du gouvernement algérien à la famille de la victime. Une enquête sera diligentée pour déterminer les circonstances de ce drame. Les responsables de cet acte seront sanctionnés», a déclaré le wali. De son côté, le bureau régional du RCD, à travers une déclaration parvenue à notre bureau, évoque «un complot contre la Kabylie». Des escarmouches ont éclaté dans la ville de Fréha après l'enterrement de la victime. Des jeunes ont pris pour cible la caserne de l'ANP, l'attaquant avec des pierres. Après l'intervention des éléments de la police, les manifestants ont improvisé un rassemblement devant le siège de l'APC. Ils envisagent d'organiser une marche. Pour rappel, le 23 juin dernier, une bavure militaire avait coûté la vie à un ouvrier journalier.