Le Pacte économique et social signé il y a quelques années n'a d'existence que sur papier. Le Cnapest et l'Unpef ont sorti les gros moyens : grève illimitée à partir du 10 octobre. La tripartite se tiendra demain sans les syndicats autonomes. Le choix délibéré du gouvernement à convoquer l'UGTA et plusieurs organisations patronales comme vis-à-vis pour ces pourparlers suscite l'indignation des membres des syndicats autonomes de l'éducation, qui ne cachent pas leur colère. «Le gouvernement s'est discrédité par lui-même, en négociant avec un syndicat qui n'est plus présent sur le terrain depuis des années», lâche Nouar Larbi, porte-parole du Conseil national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Cnapest). Quelle valeur prend aujourd'hui la participation de l'UGTA au nom de tous les travailleurs de la Fonction publique ? Le Pacte économique et social, signé il y a quelques années n'a d'existence que sur papier, pour le Cnapest. «Il est ridicule de penser que la tripartite va se solder par des décisions importantes. La plus importante des décisions des tripartites précédentes est sans doute la signature d'un Pacte économique et social, mais jamais on n'a vu autant de conflits, de grèves et d'actions de protestation que depuis cet accord. Cela veut tout simplement dire que le pacte n'a pas été concluant, car le document n'a pas été signé avec les représentants des travailleurs que sont les syndicats autonomes», soutient M. Larbi. Scepticisme Le Cnapest s'interroge également sur le deux poids, deux mesures concernant la reconnaissance de ses partenaires du patronat. «Quand il s'agit de la Fonction publique, le gouvernement résume son vis-à-vis à un seul syndicat, mais pour le patronat, le même gouvernement n'a pas hésité à inviter 10 organisations patronales. Nous sommes sûrs que cette rencontre n'apportera rien de nouveau, c'est l'échec garanti puisque la politique sociale ne s'est pas faite avec les vrais représentants des travailleurs.» En guise de riposte à cette «politique d'exclusion», le Cnapest a sorti les gros moyens : grève illimitée à partir du 10 octobre prochain. «Quelle valeur a donc cette rencontre puisqu'elle ne semble même pas préoccupée par la montée au créneau de plusieurs syndicats autonomes ?», s'interroge notre interlocuteur. Même impression à l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef), qui a appelé aussi à une grève illimitée à partir du 10 octobre prochain. L'Unpef dénonce «l'exclusion pure et simple de la réunion tripartite». Cette rencontre «est hors champ», concernant les préoccupations des travailleurs. «L'UGTA a toujours été à côté de la plaque concernant les négociations autour du régime indemnitaire et le statut particulier des travailleurs du secteur». L'Unpef est encore plus pessimiste concernant les négociations qui auront lieu demain autour de la retraite. «boîte d'enregistrement» «Nous luttons depuis quelques années pour une retraite à 100% après 25 ans de service. Le gouvernement veut une retraite à un âge plus avancé, il est à craindre que l'UGTA accepte cette proposition, une concession parmi tant d'autres qu'elle a déjà faite», soutient M. Amraoui, membre du conseil national de l'Unpef. «Nous refusons de reconnaître que l'UGTA est le représentant des travailleurs du secteur de l'éducation. Le terrain a prouvé que l'UGTA est en retard d'une guerre de la lutte syndicale. La tripartite reste une boîte d'enregistrement», pour le Syndicat national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Snapest). Selon son porte-parole, M. Meriane, «l'échec de cette réunion est criard». En plus de l'exclusion des représentants légitimes des travailleurs du secteur, le gouvernement compte sur la tripartite pour faire passer ses mesures que l'UGTA va approuver. Ce syndicat a décidé de rallier le front des grévistes : «Le conseil national a opté pour une grève à la deuxième quinzaine d'octobre.» Les travailleurs du secteur de l'éducation n'attendent pas grand-chose de la tripartite.