Les engagements non tenus par la tutelle contraignent les syndicalistes du SNTE de la nécessité de jouer sur deux tableaux : la contestation, d'une part, et le dialogue, d'autre part. Le Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE) a opté pour une grève de 4 jours à partir du 10 octobre. C'est ce qu'a annoncé le secrétaire général de ce syndicat autonome, Abdelkrim Boudjnah, au cours d'une conférence de presse tenue hier à Alger. Le conférencier n'exclut pas le recours à une grève illimitée, à partir du 16 octobre, si les revendications exprimées par son syndicat ne sont pas prises en charge par le ministère de l'Education nationale. Cette décision a été prise à l'issue du conseil national de ce syndicat qui s'est tenu à El Harrach, mardi dernier, après débats et concertations entre les participants à cette rencontre. Selon le secrétaire général du SNTE, certains syndicalistes, au cours des débats houleux mais démocratiques, ont proposé la date du 5 octobre pour déclencher le mouvement de grève. Mais cette éventualité a été écartée en raison des connotations politiques que cela pourrait avoir. Selon M. Boudjnah, le syndicat se réunira aujourd'hui, au siège du ministère du l'Education nationale, avec un responsable de la tutelle en présence de représentants du ministère des Finances et de la Fonction publique, avec comme ordre du jour l'épineuse question du régime indemnitaire. Alors, pourquoi prendre la décision de faire une grève à partir du 10 octobre et accepter de se mettre à la table des négociations avec la tutelle ? «S'il y a quelque chose de concret qui nous sera proposé par la tutelle lors de cette rencontre, nous allons annuler le mouvement de grève. Sinon, toutes les actions que nous avons décidées d'entreprendre à l'issue de la réunion du Conseil national seront maintenues», affirme M. Boudjnah. Selon ce dernier, les tergiversations et les engagements non tenus par la tutelle ont contraint les syndicalistes du SNTE à jouer sur les deux tableaux ; celui de la contestation d'une part et du dialogue et de la concertation d'autre part. «La réalité du terrain l'a démontré. Le chemin des négociations n'aboutit jamais. Il n'y a que la voie de la contestation qui puisse déboucher sur un résultat concret et palpable. La base est en ébullition. Elle en a ras-le-bol de sa misérable situation», tonne-t-il. «Il faut faire pression pour infléchir la position du ministre de l'Education nationale. C'est la seule méthode efficace. C'est le langage qui est reçu cinq sur cinq par la tutelle», a-t-il argué. Le conférencier prévoit une forte participation à ce débrayage en raison de la précarité qui touche l'ensemble des travailleurs de l'éducation. Il se targue, à cet effet, d'avoir près de 200 000 adhérents à l'échelle nationale pour son syndicat, ce qui représente près de 24% de l'effectif total des enseignants du secteur. Dans la foulée, le secrétaire général du SNTE compte saisir le président de la République en lui envoyant une lettre, sans en préciser le contenu exact. Selon le communiqué remis à la presse, les revendications du SNTE tournent autour de 14 points «essentiels». Outre les revendications ayant trait au régime indemnitaire, le déblocage de l'argent des œuvres sociales, les syndicalistes réclament l'octroi d'une nouvelle prime pour tous les travailleurs de l'éducation nationale à hauteur de 50% du salaire de base, la prise en considération de toutes les primes et des augmentations des travailleurs de l'éducation nationale en fonction du salaire de base, à l'instar des autres secteurs avec effet rétroactif, l'application de l'instruction n°6 relative à la promotion du professeur de l'enseignement secondaire au grade d'adjoint au proviseur (censeur) qui a été appliquée dans les autres secteurs de la Fonction publique, ainsi que la prise en charge du dossier des retraites. Par ailleurs, dans le même document, le SNTE exprime son rejet de la circulaire ministérielle n°16 en date du 19 juin 2011 qui fixe la date de la rentrée des classes et le calendrier des vacances scolaires. Avec cette décision d'entamer un mouvement de grève, le SNTE rejoint les rangs de l'Unpef et du Cnapest, ce qui risque de paralyser le secteur de l'éducation et de le plonger dans l'incertitude.