Hélas ! Voilà une agression caractérisée qui se prépare à l'encontre d'un patrimoine censé répondre aux préoccupations économiques et sociales de la population locale, envahie par un projet d'une envergure effarante, et d'un choix inapproprié, a riposté le directeur du tourisme et de l'artisanat de la wilaya d'Alger à la suite de l'information faisant état de la réalisation d'une grande station d'épuration des eaux usées sur le débouché de l'oued Beni Messous, rapportée dans notre édition du 4 septembre. Le projet qui s'étend sur une superficie de 15 ha (25 ha selon le directeur du tourisme de la wilaya d'Alger) est implanté à l'intérieur du périmètre de la Zone d'expansion touristique (ZET) La Fontaine, plus précisément, à la plage Les Dunes, dans la commune de Aïn Benian. D'utilité publique, confié à deux entreprises étrangères, une autrichienne (groupement Vatech Wabag) et une chinoise (CGC), le chantier semble inquiéter la DTAWA. Pour son premier responsable, la vocation de ce projet est contradictoire dès lors qu' il a été implanté « à l'intérieur d'une zone désignée exclusivement pour accueillir des équipements touristiques d'un standing international ». Mise au point Dans sa longue mise au point, le responsable du tourisme et de l'artisanat au niveau de la wilaya d'Alger affirme que l'émergence d'un arsenal de textes réglementaires et législatifs, depuis l'ordonnance 66-62 et la loi 03-03 relatives aux zones d'expansion et sites touristiques jusqu'au décret 88-232 portant la déclaration et la classification des Zones d'expansion touristique, vise en premier lieu la préservation des ZET de toute occupation illégale. Des instruments tels que l'Agence nationale du développement touristique (ANDT) ont été institués dans le but d'établir des études et de promouvoir les ZET par l'entremise d'un programme d'étude et d'aménagement des 22 ZET implantées à travers le territoire national. Allant plus loin dans sa plaidoirie, le DTAWA atteste que cette zone, convoitée pour la réalisation de ce projet et toutes les servitudes qui lui seront annexées, occasionnera des nuisances terribles, « alors qu'elle était destinée à être le fleuron du tourisme algérois et remplacer la prestigieuse région d'El Djamila (ex-La Madrague), proie à une urbanisation anarchique ». Projet initié en 1974 Le directeur du tourisme et de l'artisanat de la wilaya d'Alger, qui tire la sonnette d'alarme, appelle au respect de la réglementation en vigueur afin, dit-il, de récupérer ce patrimoine. Contacté pour plus d'informations, M. Boutiba, directeur de l'hydraulique et de l'économie de l'eau de la wilaya d'Alger, tout en indiquant que son confrère du tourisme, membre du conseil exécutif de la wilaya d'Alger, est au courant de ce projet depuis longtemps, avouera que le chantier a été initié en 1974 dans le cadre du schéma directeur d'assainissement de la wilaya d'Alger. Réactualisé en 1995, il a été approuvé, selon lui, par décret présidentiel. « Les arrêtés d'expropriation ont été signés », avoue-t-il. « Ce schéma, ajoute notre interlocuteur, prévoit la réalisation d'une station d'épuration des eaux usées qui prendront en charge tous les déversements des déchets ménagers et industriels des communes situées à la partie ouest de la capitale. » Il ajoutera que les principaux collecteurs de cette zone ont été réalisés et se déversent actuellement dans l'oued Beni Messous. « La zone centre d'Alger aura son propre projet », affirme notre interlocuteur. Il consiste en la réhabilitation de la station de Baraki, station réalisée au milieu des années 1980. Pour la partie est de la capitale, le directeur de l'hydraulique de la wilaya d'Alger affirme qu'une station d'épuration des eaux usées sera réalisée à Réghaïa. « Nous en sommes maintenant au choix des entreprises », avoue-t-il. Pour notre interlocuteur, avant 2010, toutes les plages de la capitale seront autorisées à la baignade. Interrogé sur le choix du site (une ZET), notre interlocuteur répondra que 75 familles installées dans des constructions illicites ont été relogées et des abattoirs avicoles clandestins qui déversaient leurs résidus dans la mer, situés à l'intérieur du site, ont été démolis. « Pourquoi les responsables de la direction du tourisme n'ont pas levé le petit doigt ? », s'interroge notre interlocuteur.