Bertrand Delanoë était heureux et reconnaissant de remarquer que les « Berbères parisiens s'impliquent davantage dans la vie culturelle et économique de la capitale française et de voir que la culture berbère fait partie intégrante du patrimoine universel ». Le maire socialiste de Paris l'avait chaleureusement exprimé jeudi soir devant plusieurs centaines de personnes et d'associations culturelles kabyles, invitées à célébrer, pour la première fois, dans les salons cossus de l'Hôtel de Ville, le nouvel an berbère, dit Yennayer. « Merci pour ce que vous donnez à Paris. Continuez à être vous-mêmes. Faites partager aux non-Berbères les richesses de votre culture, celle qui a donné Kateb Yacine, Edith Piaf, Mouloudji et bien d'autres noms connus et aimés », s'est-il exclamé devant les invités venus de toute la France. Tout en réaffirmant son désir de rassembler les nombreuses communautés vivant à Paris, Bertrand Delanoë a aussi appelé « au respect de l'identité historique de chacun », non sans oublier de répéter que « tout le monde est chez lui ici à l'Hôtel de Ville et à Paris ». Organisé en collaboration avec Berbère TV, qui devait transmettre en différé la soirée, la fête du nouvel an a permis à plusieurs chanteurs kabyles de faire une courte apparition sur scène et de renouer le contact avec leur public, en prononçant un petit discours général ou en chantant en chœur une chansonnette. Tout était bon pour remobiliser les troupes et remonter le moral d'une communauté qui n'a pas cessé, ces dernières années, de s'entredéchirer à cause des divisions politiques et partisanes. « Il est temps de retisser les liens brisés et revaloriser la culture berbère de France », a estimé Mohamed Azzouz de l'association Assirem (espoir) qui continue à déployer de gros efforts pour la construction de la « maison de la culture berbère » à Paris. Même son de cloche chez Aïcha Abdallah, professeur d'anglais et secrétaire fédéral du Parti socialiste dans le département de Seine-Saint-Denis, qui craint que « la jeunesse berbère, en particulier, et maghrébine, en général, ne réponde aux sirènes de la droite et aux discours démagogiques et prometteurs de Sarkozy, actuel ministre de l'Intérieur français ». Idir, qui avait clôturé la soirée de Yennayer par une chanson fredonnée a cappella avec le public, n'a pas caché sa joie de voir « la plus belle ville du monde accepter de célébrer le nouvel an berbère ». « Nous continuerons d'exister au grand dam de ceux qui nous rejettent ou refusent de nous reconnaître », a-t-il conclu. « Pour que leur flamme ne s'éteigne pas à l'issue d'une soirée et prouver qu'ils existent encore », un rassemblement de tous les Berbères de France est prévu aujourd'hui à 16h30 (heure française) sur la place du Trocadéro. Un concert de musique, rassemblant de nombreux artistes berbères, devrait avoir lieu ce soir-même à Montreuil (banlieue parisienne), alors que rendez-vous est pris avec la Mairie de Paris pour l'année prochaine.