-Quelle est l'importance de cette unité de monitoring que vous chapeautez dans la perspective du scrutin du 23 octobre ? L'unité de monitoring des médias a été mise en place par la haute Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) en coordination avec le Syndicat national des journalistes et l'instance nationale de réforme de l'information et de la communication. Son rôle consiste à analyser et à observer tout ce que produisent les médias. Le but est de voir dans quelle mesure les médias ont assuré une couverture équitable et impartiale des élections.Cela veut dire permettre à tous les candidats d'avoir accès aux médias et, en même temps, permettre aux électeurs d'avoir toutes les informations utiles pour choisir librement leurs représentants le jour du scrutin. Le monitoring concerne les médias publics et privés qui se proclament indépendants – en effet l'indépendance suppose une certaine conduite, un respect de la déontologie et des éthiques. Et on essaye également de faire le monitoring pendant la campagne électorale des médias qui ont une large audience en Tunisie, comme El Jazeera et France 24, et aux médias qui s'intéressent aux affaires politiques tunisiennes. -Ce sont autant d'objectifs que vous vous êtes assigné. Mais quels sont les moyens que vous vous êtes donné pour les atteindre ? D'abord les moyens humains. Nous avons une équipe d'une trentaine d'analystes ; nous disposons des moyens matériels pour l'enregistrement des différentes chaînes et radios et d'un certain travail informatique pour perfectionner le système de traitement des données. -Nous sommes au dixième jour de la campagne électorale. Quelles sont, selon vos analyses, les conclusions que vous retenez ? Nous avons élaboré un rapport pour la précampagne. Et l'on remarque qu'il y a déjà un intérêt certain pour les élections. Nous avons relevé des violations de la décision d'arrêter et de surseoir à toute forme de publicité politique payante au niveau d'une chaîne de télévision privée nationale. Deux parties ont continué de publier cette forme de publicité. Dans la presse écrite, deux quotidiens sur neuf, pendant un certain temps, ont également enfreint cette règle de ne pas arrêter toute annonce de la publicité politique. Il faut rappeler que l'ISIE a pris cette mesure et a fait savoir à toutes les parties concernées qu'à partir du 12 septembre, il est interdit de faire des publications de publicité payante et spot publicitaire politique. Cela pour le premier niveau. Quant au deuxième niveau, relatif au traitement informatif journalistique, on relève toujours cette prédominance des genres informatifs, des comptes rendus comparativement avec les autres genres de terrain. Durant le mois septembre, en période préélectorale, nous avons remarqué qu'on les trouvait partout et pas forcément dans les pages réservées. -Qu'allez-vous en faire ensuite ? Nous allons demander à l'ISIE… Nous faisons le constat et préparons un rapport, mais c'est aux membres de l'ISIE de décider. -Quand ce rapport parviendra-t-il au niveau de l'ISIE ? Il y est déjà et des rapports sur l'infraction constatée, concernant essentiellement la publicité, sont régulièrement portés à sa connaissance. Hier, une chaîne de télévision a été la cible de certaines personnes pour avoir passé un film d'animation qui semble avoir heurté la sensibilité religieuse d'une certaine catégorie de la société. -En tenez-vous compte à votre niveau ? Non. Parce que ce que nous faisons, c'est le monitoring des acteurs politiques, des journaux d'information et des programmes de débats politiques. Il s'agissait d'une fiction, je crois… -Donc cela n'entre pas dans le champ de votre compétence ? Non, nous analysons la couverture des acteurs politiques à travers les médias. -Votre mission se terminera-t-elle avec la fin de l'élection ou pas ? D'une certaine façon oui, mais normalement, une unité de monitoring est une structure qui devrait exister dans tout pays démocratique. Il serait intéressant de la transformer en organe de veille sur toute l'année.