Des familles vivent depuis trop longtemps avec la peur au ventre de voir leurs toits s'effondrer sur leurs têtes. Ces derniers jours, le retour des intempéries dans la wilaya de Annaba a davantage nourri les appréhensions des occupants des habitations précaires notamment ceux de la vieille ville (Place d'Armes). Plusieurs familles se sont rassemblées hier devant la daïra pour signaler aux autorités locales les risques d'effondrement de leurs vielles maisons. Elles craignent de revivre encore le cauchemar de l'écroulement dramatique de plusieurs bâtisses qu'a connu cette vieille cité qui remonte à l'époque ottomane. Ces habitants dénoncent ce qu'ils estiment être du mépris de la part des autorités locales vis-à-vis de leur situation. Ils revendiquent l'affichage immédiat des listes d'attribution des logements qui leur seraient destinés. Ils ont exhibé des rapports d'expertise attestant formellement que le risque d'effondrement est bien réel au vu des débris se détachant de ces maisons, des fissurations verticales, des cages d'escalier effondrées, du fléchissement différentiel du sol au 1er étage, des fissures profondes dans les murs de soutènement, de l'affaissement, l'humidité… Sans parler de la prolifération des rongeurs. Un père de famille, Kellah Mostapha, habitant une buanderie sur la terrasse d'une de ces habitations menaçant ruine, sise à la rue Philippe, et dont la demande de logement date de plus de 15 ans, témoigne, non sans peine: «Nous sommes plusieurs familles avec des enfants, à occuper un immeuble datant de la période ottomane. La dégradation des murs, de la cage d'escalier et de la toiture est visible. La masure représente un risque d'effondrement latent. Nous sommes inscrits sur les listes des demandeurs de logement depuis plusieurs années, et nous attendons toujours une hypothétique attribution, en espérant que nous serons de ce monde lors des futures attributions de logement.»
Toutefois, il est permis d'espérer eu égard aux programmes qui sont mis à contribution pour éradiquer l'habitat précaire. Les autorités locales restent optimistes quant à la conduite de cette opération d'autant plus, dit-on, que les projets finis et ceux réceptionnés, permettront de venir à bout du phénomène. La problématique de l'habitat précaire est appréhendée dans toutes ses dimensions quand on sait qu'une partie considérable de ses occupants est constituée de ruraux installés dans des zones éparses. Et c'est d'autant plus handicapant que les équipements et les infrastructures des différentes communes subissent une forte pression. Pour rappel, en février 2010, 153 familles habitant des demeures menaçant ruine à la vieille ville de Annaba ont fait l'objet d'une opération de relogement dans des bâtiments neufs, situés à Bouguentas, à la cité Bouhdid.