L'OPEP ainsi que l'AIE ont dû revoir à la baisse, pour la troisième fois consécutive, leurs prévisions de demande de brut pour l'année en cours et pour 2012. Quel serait l'impact sur les revenus de l'Algérie, tirés à 97% des hydrocarbures ? Il faut savoir dans ce sens que la récente baisse des cours du baril a fortement touché le pétrole algérien. Les risques de récession pèsent toujours sur l'économie mondiale. Evoquer des perspectives aussi sombres peut paraître alarmiste au moment où les marchés financiers et pétroliers se redressent. Toutefois, ce sursaut semble plus lié à des données conjoncturelles, alors que la crise des dettes souveraines persiste en zone euro. L'année 2012 risque-t-elle d'être celle de l'apocalypse pour les marchés ? Certains n'écartent pas cette possibilité. Pour preuve, aussi bien l'Organisation des pays exportateurs de pétrole que l'Agence internationale de l'énergie ont dû revoir, pour la troisième fois consécutive, à la baisse leurs prévisions de demande de brut pour l'année en cours et pour 2012. Les deux organisations, qui défendent les intérêts des producteurs de pétrole (c'est le cas de l'OPEP) et des consommateurs (AIE), semblent épouser les prévisions alarmistes du Fonds monétaire international. La semaine dernière Antonio Borges, directeur Europe au FMI, n'a pas exclu une récession mondiale en 2012. Il a en effet indiqué au cours d'une conférence à Bruxelles que le FMI tablait «sur une croissance en 2012 même très modeste, mais l'activité pourrait se retourner. Un risque de récession n'est donc pas à exclure». En cause l'affaiblissement de l'activité économique et la persistance des risques induits par la crise des dettes souveraines, notamment en zone euro. Ce sont ces mêmes arguments que mettent en avant aussi bien l'AIE que l'OPEP pour justifier la révision de leurs prévisions de demande mondiale de pétrole. L'AIE prévoit, dans son rapport publié hier, que la consommation de brut devrait être de 50 000 barils par jour, moins forte que prévu précédemment pour cette année, et de 0,21 mb/j en deçà des prévisions de septembre en 2012. La demande devrait donc s'établir à 89,2 mb/j en 2011 (+1,1% par rapport à 2010) puis augmenter de 1,4% en 2012, à 90,5 mb/j. La veille, l'OPEP avait présenté des prévisions de demande globale de 87,81 millions de barils par jour (mb/j) contre 87,99 mb/j prévus il y a un mois. Les nouvelles prévisions marquent cependant une hausse de 0,88 mb/j par rapport à 2010. Pour 2012, l'OPEP mise sur une demande de 89,01 mb/j, contre 89,26 mb/j annoncés précédemment. Retour de la production libyenne sur le marché Les deux rapports ont également insisté sur le ralentissement économique que connaît la plupart des pays de l'OCDE. L'OPEP a en outre mis en cause la volonté de la Chine et de l'Inde de réduire la croissance de leur consommation. L'Organisation indique qu'une performance plus médiocre que prévu de l'économie américaine risque, à elle seule, de diminuer la demande mondiale de 200 000 b/j en 2012. Tout autant d'éléments qui poussent au pessimisme sans pour autant verser dans l'alarmisme. C'est ainsi que le secrétaire général du Cartel pétrolier, Abdellah El Badri, s'est dit mardi serein quant aux perspectives de l'économie mondiale et par ricochet du marché pétrolier. Et d'ajouter en marge de la conférence Oil & Money de Londres que les gouvernements européen et américain agissent pour stimuler leur économie et éviter une récession. Il considère aussi que les prix sont pour l'heure satisfaisants et que le marché est équilibré du point de vue de l'offre et de la demande. Ce qui semble cependant inquiéter quelque peu l'OPEP pour l'heure, c'est le retour de la production libyenne sur le marché. Le Middle East Economic Survey (MEES) a indiqué vendredi dernier que la production a repris le mois dernier et dépasse désormais les 350 000 barils par jour. Selon les prévisions de l'OPEP, la Libye devrait atteindre une production d'un million de barils par jour d'ici six mois, et revenir à sa production normale d'ici 18 mois. Dans ce sens, le cartel devrait se pencher sur la question ainsi que sur la situation du marché lors de sa prochaine réunion en décembre à Vienne. Il n'en demeure pas moins qu'un risque de retournement de situation comme ce fut le cas en 2008 et 2009 reste entier. Quel serait l'impact sur les revenus de l'Algérie, revenus qu'elle tire à 97% des hydrocarbures, si un tel scénario se confirme ? Il faut savoir dans ce sens que la récente baisse des cours du baril a fortement touché le pétrole algérien (Sahara blend). Alors que la moyenne des cours pour l'année varie entre 110 et 113 dollars, au 30 septembre celui-ci a atteint 107 dollars.