Le rebond boursier qui a marqué les marchés financiers ces derniers jours ne semble pas pousser à l'optimisme et ne consolide pas les espoirs de reprise économique rapide. Cela transparaît au travers des prévisions de l'Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) concernant la demande de brut. Ainsi, le cartel indique dans son rapport mensuel que la demande de brut pour 2009 va reculer de 1,8%, soit 1,57 million de barils par jour (mbj) contre 1,37 mbj prévus le mois dernier en raison de la récession mondiale. Le même rapport indique que la demande se contractera sur l'année de 1,57 million de barils par jour (mbj) à 84,03 millions, contre 85,59 millions en 2008. L'Opep avait le mois dernier évalué la baisse à 1,37 mbj. "La nouvelle révision à la baisse du produit intérieur brut mondial a conduit à un nouvel abaissement de la prévision de la demande mondiale de pétrole de 0,2 mbj, principalement à cause des Amériques", est-il encore précisé le rapport. L'Opep table sur une contraction de 1,4% de l'économie mondiale cette année, principalement à cause de la récession qui frappe les pays développés, à commencer par la zone euro où une contraction de 4,2% est prévue. Dans ce contexte de "détérioration persistante de la demande", l'organisation pétrolière juge que des risques "considérables" pèsent toujours sur les prix, affirmant que la hausse constatée ces dernières semaines risque d'être de "courte durée". "Des risques considérables demeurent car les fondamentaux du marché pétrolier sont loin d'être équilibrés, en raison de la baisse constante de la demande et d'une surproduction croissante", a souligné le rapport. L'Opep relève en particulier que les stocks commerciaux des pays de l'OCDE ont atteint en avril un niveau "très élevé" correspondant à 61 jours de consommation, grâce notamment à une hausse de 35 millions de barils (mb) des stocks américains, qui se sont élevés à 1,087 milliard de barils le mois dernier. Aux Etats-Unis, les stocks de brut ont, par ailleurs, atteint leur plus haut niveau depuis le milieu des années 1990, à 375 millions de barils. Pour sa part, l'Agence internationale de l'Energie (AIE) s'apprête à publier aujourd'hui dans son rapport mensuel des prévisions qui "ne changeront pas beaucoup" par rapport à celle du mois dernier. Le directeur général de l'AIE a indiqué hier que "la prévision de demande ne changera pas beaucoup pour le moment", a-t-il souligné, au cours d'une conférence de presse, évoquant seulement une "légère modification". Il a indiqué que l'AIE basait toujours ses projections sur une contraction du PIB mondial de 1,4% cette année, comme le mois dernier, et que ses chiffres ne seraient actualisés qu'à la marge avec les statistiques sur la demande constatée récemment dans différents pays. Dans son rapport du mois d'avril, l'AIE prévoyait une demande mondiale de brut de 83,4 millions de barils par jour (mbj), la plus faible depuis 2004. Selon l'AIE, la demande mondiale enregistrerait ainsi sur un an un recul de 2,8% "proche" des niveaux de baisse du début des années 1980. Pour ce qui est de la situation sur le marché, il faut noter que les cours du baril évoluaient autour de l'équilibre. Vers 13H10 GMT (15H10 HEC), sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en juin s'échangeait à 58,75 dollars, en baisse de 10 cents par rapport à son cours de clôture de mardi, à cause de craintes sur les stocks. Les analystes interrogés par Dow Jones Newswires s'attendent à une progression des stocks de brut, déjà au plus haut depuis 1990, de 1,3 million de barils. Ils prévoient une stagnation des réserves d'essence mais celles de distillats --qui comprennent le fioul de chauffage et le diesel-- auraient gagné 1,3 million de barils. Les observateurs du marché devraient suivre également les chiffres de la demande dans le pays ainsi que les cadences des raffineries: "avec l'approche de la saison des déplacements estivaux aux Etats-Unis, les raffineurs devraient accélérer le rythme de fonctionnement de leurs installations pour constituer leurs stocks d'essence", a expliqué Nic Brown, de Natixis. Samira G.