Un large éventail d'œuvres picturales exécutées notamment par des artistes d'Oran est proposé aux amateurs et collectionneurs par le musée Zabana depuis lundi. Cette exposition-vente a été organisée en collaboration avec le Lion's Club qui, hormis l'intérêt que peuvent susciter ces œuvres d'art chez le grand public et le service qui sera rendu aux artistes eux-mêmes, compte reverser les bénéfices engrangés au profit des nécessiteux. Certains plus connus que d'autres, ils sont pas moins de trente artistes à partager les espaces de la galerie au grand bonheur des premiers visiteurs invités lundi vers 17h au vernissage de cette exposition de l'été 2004. Au gré des palettes et des techniques, le visiteur est entraîné dans un univers pictural qui va de l'art naïf, celui de certains autodidactes, aux touches expressives les plus élaborées qu'on retrouve chez les professionnels du pinceau, ceux qui, comme Leila Ferhat, ont eu par le passé à former des artistes venus aujourd'hui leur ravir la vedette. Alors que des tableaux comme la ville d'Alger où le Front de mer (Oran) exécutés respectivement par Bahri et Rabia Ozaa accordent un intérêt pour la carte postale, la Femme targui de Lahlouh ou la Fantasia de Remmas montrent un penchant pour l'exotisme et les images stéréotypées, touristiques de la tradition algérienne. Ce n'est pas le cas de Belmekki, nettement plus expérimentée qui, même en intitulant l'une de ses œuvres Exotisme sudiste, a su ne pas tomber dans la facilité et ses œuvres sont créatives, fruit d'une recherche. Exotisme pictural Avec le Royaume des signes, il est venu exposer un échantillon de sa nouvelle gamme, une série très décorative qui évoque la tapisserie mais avec les mêmes touches fauvistes qui l'ont révélé à ses débuts. La décoration est peut-être aussi le souci de Ouslimani venue avec deux très belles (ou plutôt jolies) toiles abstraites usant du jaune sur fond bleu. Décoratif est un terme qui convient également bien aux travaux de Saâd resté fidèle à lui-même. Dans son Ecole coranique, on reconnaît ainsi toujours son style figuratif un peu surréaliste où les contours des personnages et des objets semblent être façonnés avec de la tôle. On retrouve également dans cette exposition des œuvres de circonstance à l'instar de la Bourrasque de Malika Seghier qui s'est inspirée du drame des inondations de 2001. Sa spirale aquatique tourmentée et rehaussée par des essais calligraphiques attire particulièrement l'attention. Comme chez Faïza Issad, les différentes tonalités du vert sont synonymes de Tourmente alors que l'ocre rouge est synonyme de Carnage. Ce dernier aspect est contredit par Mahmoud Taleb et ses grandioses polyptyques sans titres. Les lueurs sombres dont il use dépeignent un univers étrange, peut-être occulte mais en tout cas menaçant qui traduirait bien une angoisse existentielle plutôt que l'expression d'un drame. Beaucoup plus sereine est l'œuvre de Fethi qui use du même procédé (diptyque également sans titre) mais avec une technique différente. Dans le même registre, celui des tons sobres et non celui des formes, on peut également classer l'artiste Taïbi qui, lui, préfère cependant casser la même atmosphère avec de rehauts de couleurs vives et chatoyantes. Les tonalités sont nettement plus claires, entachées de délicatesse et les formes plus fluides chez Mesli et ses tons pastel et qui refuse également de titrer ses œuvres. Enfin, alors que Lebza a dû creuser dans son imaginaire pour proposer un portrait de la Kahina, sur un tout autre registre, avec un style particulièrement osé, Cherif B. reste inclassable avec ses deux tableaux (technique mixte) mêlant peinture et gravure en bas-relief. Mêmes vendus (entre 5000 et 90 000 DA), les tableaux demeureront à la disposition des visiteurs pour quelques jours, les amateurs pourront découvrir d'autres œuvres ou d'autres peintres de cette même exposition. Cela d'autant plus que, comme il était prévu trois tableaux par artiste (on en a retenu que deux par manque d'espace), certains seront remplacés au fur et à mesure.