Chacun des trois partis (FLN, RND, MSP) tente de défendre ses couleurs et de se positionner en prévision des joutes électorales. Seulement, ils sont persuadés, sauf peut-être à un degré moindre le MSP, que l'Alliance présidentielle continuera d'œuvrer, tant que les conditions qui ont procédé à sa création persistent. «L'Alliance présidentielle a été mise en place pour porter le programme du président de la République et non pour soutenir un programme d'un parti. Les partis politiques sont libres d'avoir leur propre vision et d'apporter une critique sur l'ensemble des dossiers soumis à débat», se défend Kassa Aïssi du FLN. Mais si l'on donne du crédit à cette thèse, comment expliquer alors l'opposition du FLN à certaines mesures décidées par le premier magistrat du pays ? Une opposition que ne partagent pas le RND et encore moins le MSP. De par le passé, les trois partis de l'Alliance accordaient leurs violons et sensibilisaient leurs troupes pour créer un blocus à l'Assemblée afin de faire passer les projets du gouvernement. Cette fois-ci, il n'en est rien. Aucun consensus ne s'est dégagé entre les trois formations concernant les projets de réformes politiques examinées et qui seront adoptées cette semaine à l'APN. Certains articles divisent ces partis de l'Alliance. Il s'agit de l'article 67 du code électoral qui traite du nomadisme politique et de l'article 93 qui a trait à la démission des ministres trois mois avant les législatives pour ceux qui désirent se porter candidats. Le FLN, qui préside la commission des affaires juridiques, administratives et des libertés à l'APN, a tout fait pour inciter ses membres à supprimer le premier article et à amender le second. Ce qui fut fait. Dans le cadre des débats, tous les intervenants du FLN ont salué la démarche tandis que ceux du RND ont dénoncé un acte qui vise à saborder les réformes politiques. Pour le FLN, parti majoritaire au gouvernement, la démission des ministres trois mois avant les législatives serait synonyme d'une perte de tous les atouts. Une telle mesure signifie que les candidats du FLN partent à chances égales avec leurs concurrents, ce qui n'arrange guère les affaires du parti présidé par Bouteflika. C'est pourquoi le FLN manœuvre dans tous les sens pour amender cette disposition. Au demeurant, il a réussi à réduire à 45 jours le délai réservé à cette démission. L'autre point qui oppose les partis de l'Alliance porte sur le quotas des femmes dans les assemblées ; le FLN refuse les 30% et veut ramener ce chiffre à moins de 20%, alors que le RND est en faveur des 30% et que le MSP, qui se dit pour la revalorisation du rôle de la femme, craint que cette disposition n'occulte les femmes compétentes, notamment au niveau des communes. «Le FLN veut à tout prix faire main basse sur les assemblées élues, d'où les manœuvres opérées actuellement. Pour sa part, le RND veut récupérer la majorité qu'il avait en 2007. Les deux partis cherchent leurs propres intérêts et ce, en prévision des élections de 2014. Les projets de loi soumis aujourd'hui à l'APN sont incontestablement déterminants», observe un parlementaire. Les partis de l'Alliance sont dans l'ensemble pour le principe des réformes, mais lorsqu'elles arrangent leurs calculs électoralistes. Le MSP est un cas particulier puisqu'il subit des pressions de la base et se trouve tiraillé entre le FLN et le RND. Contre toute attente, ce parti demande l'intervention du président de la République pour sauver les réformes en organisant un référendum. M. Djemma, militant de cette formation, estime que ces réformes risquent d'être vidées de leur substance en raison des intérêts personnels des uns et des autres. Le MSP, qui refuse toutefois de quitter l'Alliance, admet que celle-ci existe uniquement dans la forme et non dans le fond. «L'Alliance n'est plus opérationnelle. Aucune réunion ne s'est tenue depuis plusieurs mois ni au niveau du Parlement ni au niveau local... C'est, à mon avis, la fin de cette alliance qui ne produit plus rien», remarque un député du MSP. Kassi Aïssi, du FLN, note que son parti n'est pas contre les réformes politiques mais qu'il est tout à fait naturel que cette Alliance ne constitue pas une reconstitution implicite du parti unique.