«On ne peut pas mettre un parti politique au service du peuple quand celui-ci vit une situation organique déstructurée.» L'ambiance froide qui a prévalu, jeudi dernier, lors de la rencontre regroupant les premiers responsables de l'Alliance présidentielle renseigne sur les multiples conflits larvés au sein de ladite alliance. L'absence du SG du RND et de ses ministres qui, par le passé, ne rataient pas de pareilles occasions pour s'afficher, en est une preuve. Cette absence a également touché, il est utile de le souligner, les ministres du MSP et du FLN à un moindre degré. A cela s'ajoutent les récentes déclarations du MSP, estimant qu'il n'y a pas d'alliance entre partis, celle-ci s'est faite uniquement autour du programme du Président. C'est dire que les partis de l'Alliance présidentielle ne partagent aucune démarche en matière de programme politique. Ils se sont, cependant, réunis rien que pour défendre le programme du président de la République, chacun de son côté. Une telle situation a été d'ailleurs remarquée par M.Saïd Bouhadja, député FLN, qui souligne que l'Alliance présidentielle relève d'un caractère contre nature. Selon lui, «il n'y a rien de commun entre le FLN et le MSP, pas qu'avec le RND, en matière de projet politique et de société». En étayant son argumentaire, il a soutenu que Bouguerra Soltani a déjà signifié sa démarcation de l'Alliance. Cette position du MSP, a-t-il ajouté, est surtout venue de la base militante du MSP. «Les cadres du MSP se sont montrés hostiles et contre leur président qui maintient encore sa présence au sein de l'Alliance. Bouguerra Soltani a bel et bien dit que le temps de l'Alliance est dépassé par les événements et le rôle de cette dernière n'est plus utile, laissant le choix à ses cadres de décider du retrait ou non du MSP de l'Alliance présidentielle», a encore ajouté M.Saïd Bouhadja. Dans le même sillage, il fera savoir que même entre le FLN et le RND, il y a de gros désaccords. Selon lui, la réforme du Code communal, actuellement en débat à l'Assemblée populaire nationale (APN), en constitue un signe très fort. A ce propos, il convient de souligner la déclaration du SG du FLN, lors de sa courte intervention au cours de la rencontre, évoquant le débat autour du Code communal, à l'APN. Sans équivoque, M.Abdelaziz Belkhadem a déclaré que le Code communal a besoin d'une large et profonde révision. Selon lui, des amendements de fond ont été proposés en vue de réhabiliter les élus et leur garantir les moyens matériels et humains nécessaires. De ce fait, il a appelé à ce que les collectivités locales puissent recouvrer leur rôle à travers la consultation, non seulement des élus, mais aussi des électeurs et ce, en élargissant le cercle de participation politique. Et d'ajouter que son parti avait même appelé à une révision de fond des Codes communal et de wilaya ainsi que la loi sur les partis et la loi électorale, soulignant la nécessité de revoir la fiscalité afin de conférer aux communes des ressources spécifiques à même de leur permettre une meilleure gestion au niveau local. Outre les dissensions opposant les membres de l'Alliance, il est à signaler que des problèmes de fond sont même légion au sein des formations politiques composant l'Alliance présidentielle, d'où l'immobilisme et le silence de ces dernières. A ce sujet, Saïd Bouhadja est catégorique: «On ne peut pas être une force de proposition quand le parti est miné de l'intérieur par des problèmes qui le menacent et le poussent à l'implosion.» A une question sur la capacité du FLN à jouer son rôle en ces moments de crise frappant de plein fouet tous les secteurs d'activité, M.Saïd Bouhadj a souligné enfin que l'on ne peut pas mettre le parti au service du peuple quand celui-ci vit une situation organique de plus en plus marquée par la déstructuration et le désordre interne.