Trois partis politiques ont décidé en 2004 de créer un pôle pour soutenir le programme du président de la République. Le 16 février de la même année, le RND, le FLN et le MSP, puisqu'il s'agit d'eux, ont élaboré la charte de l'Alliance présidentielle, composée de onze points. Première du genre en Algérie, l'alliance a effectivement défendu, lors de la campagne pour la présidentielle, le programme du candidat Abdelaziz Bouteflika. Aujourd'hui, et à quelques jours du début de la campagne pour les élections législatives, qu'en est-il de la position de ces trois formations politiques en lice. Les avis, contre toute attente, diffèrent sur la question. Si le RND a affiché sa disponibilité à soutenir jusqu'au bout le programme du Président, les deux autres partis estiment qu'il est de bonne guerre de faire campagne pour son propre programme, et ce, tout en continuant à activer au sein de l'alliance. C'est apparemment la règle du jeu et une règle admise par tous ! « Nous nous sommes mis d'accord lors de nos multiples réunions qu'il n'y aura pas de liste commune lors des échéances électorales. Chaque parti politique a la latitude de défendre et d'appliquer sur le terrain son propre programme. Il ne faut pas se leurrer, nous entrons dans une compétition où chacun tentera de rafler la mise et c'est tout à fait légitime », dira M. Tabal du MSP. Celui-ci se défend pourtant en indiquant que leur démarche n'est pas en contradiction avec les principes de la plateforme de l'alliance. Se voulant plus explicite, M. Tabal dira que l'alliance entre les trois partis politiques a une portée beaucoup plus stratégique qu'autre chose. Elle a été réalisée sur la base d'un projet et de points bien précis. Des points communs sur lesquels se sont mis d'accord les trois partis. Par-delà, le représentant du MSP explique qu'il n'y a aucune contradiction entre leur programme et celui du président de la République. « Nous avons un programme plus détaillé que celui proposé par le premier magistrat du pays. Un programme que nous envisageons d'expliquer à la population pour la convaincre de voter pour nos candidats. Nous avons aussi notre propre appréciation de certaines affaires que nos alliés de l'alliance ne partagent pas et c'est d'ailleurs pour cette raison que nous avons décidé de faire campagne pour notre programme », a soutenu M. Tabal qui, plus loin, révèle que leur programme et celui du Président se rejoignent sur bon nombre de points ! Quoi qu'il en soit, Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, est convaincu qu'une majorité en dehors de l'Alliance présidentielle (RND-FLN-MSP) est difficile à imaginer lors de ces prochaines élections. Cela, même si les partis de l'Alliance sont appelés à fonctionner en solo. « En obtenant la majorité, l'Alliance présidentielle poursuivra son soutien au programme du président de la République », avait déclaré le SG du parti. M. Chorfi fera remarquer, manière de dire à ses deux alliés de l'alliance (FLN-MSP), qu'il est nécessaire d'instaurer une compétition loyale. « Les éléments de compétition existent. Au RND, nous allons faire la campagne du programme du président Bouteflika, le plus important pour nous est de se conformer aux exigences des citoyens et la fidélité à un mandat électif que chacun va apprécier. Nous allons mener une campagne sérieuse loin des surenchères et des complaisances », a souligné M. Harchaoui, tête de liste à Alger. M. Chorfi a insisté sur le fait que le RND a son programme. Un programme d'action qui est en complément de celui du président de la République. « Nous avons créé une alliance pour soutenir le programme du Président. Le RND a respecté ce choix. Cependant, je qualifie d'hypocrites les formations qui se sont engagées dans cette optique et puis se sont rétractées en décidant de faire campagne pour leur propre programme », dira M. Chorfi. Le FLN partage le même point de vue que le MSP. Pour le plus vieux parti du pays, il n'est pas question d'opter pour un autre programme que celui du FLN. « Le FLN a son programme mis en œuvre avec la contribution de la base. Nous entrons dans la compétition avec notre propre programme et notre propre slogan », c'est ce qu'a déclaré un représentant du FLN qui juge la démarche des plus logiques. La course à la députation concerne plus précisément le parti politique et par conséquent il doit faire face à cet événement avec son bagage à lui sans pour autant aller en contresens de la plateforme de l'alliance. Un pari certes possible, mais qui s'annonce tout de même bien difficile à réaliser.