Après avoir réussi leurs marches pacifiques organisées le 1er novembre dernier, le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) a appelé les populations de Kidal, Gao et de Tombouctou à rééditer leur action (pour la seconde fois) mardi prochain. Leurs slogans la «libération» de la région du Nord «de tous ses occupants». Mardi dernier, ils étaient des centaines, près d'un millier, selon les organisateurs, à s'être regroupés au centre-ville de Kidal (nord du Mali) où, d'après des sources locales, ils ont été stoppés par «un important» dispositif de sécurité. Sur les banderoles qu'ils brandissaient, on pouvait lire en tifinagh, en français et en arabe «Mouvement national de libération de l'Azawad» ; «Mali, dégage !» ; «La liberté, la paix et vive l'Azawad» ou encore «Azawad n'est pas à vendre». Prenant la parole, les animateurs du MNLA ont expliqué les objectifs de leur manifestation qu'ils qualifient «d'historique» et de «pacifique». Quelques bousculades et heurts avec les forces de l'ordre ont fait néanmoins des blessés légers parmi les manifestants. Deux lycéens auraient, selon toujours des témoins joints par téléphone, été arrêtés et malmenés par les services de police, avant d'être relâchés en début de soirée. Ce n'est qu'en fin de journée que les manifestants se sont dispersés dans le calme pour prendre part à des activités culturelles en lien avec l'événement politique. Une soirée tindi a été animée par des femmes touareg dont les chants «ne sont en réalité que des louanges des combattants Azawad et des guerriers touareg». Pour les animateurs du MNLA, la «journée et la soirée ont été une réussite pour les habitants de Kidal. Nous sommes fiers d'avoir réussi notre pari d'apporter une pierre à l'édifice de la ‘‘nouvelle'' maison», a déclaré le porte-parole du MNLA, Hama Ag Sidahmed. Des manifestations pareilles, a-t-il déclaré, ont eu lieu dans d'autres villes du Nord, comme Ménaka où «certains manifestants ont hissé le drapeau de l'organisation dans les rues de la ville. A Gao et à Tombouctou, la marche n'a pas drainé grand monde à cause des intimidations des uns et des autres…», a noté notre interlocuteur. Il a reconnu que durant la nuit du 1er novembre, le neveu de feu Brahim Ag Bahanga, le nommé Ahmadou Ag Lyes, a été victime d'une tentative d'assassinat. «Quatre personnes armées de AK47 ont cerné à plusieurs reprises le domicile de Lyes, entre 21h et 23h30. Ils attendaient qu'il sorte de la maison pour ouvrir le feu. Mais Lyes a profité de quelques minutes d'inattention des présumés assassins pour escalader le mur de la maison et quitter la ville à bord de sa voiture garée un peu plus loin. Le jeune venait d'échapper de justesse à un attentat. On peut penser et dire que les liquidations physiques de personnes sont toujours en cours et que certains Touareg sont visés par cette nouvelle organisation d'assassins», a souligné Hama Ag Sidahmed. D'autres animateurs du MNLA, que nous avons joints par téléphone et qui préfèrent s'exprimer sous le couvert de l'anonymat, ont affirmé que la région de l'Azawad vit actuellement «une situation de tension». Créé récemment, le MNLA, est-il noté, «est une organisation armée soutenue par une bonne partie de la population du Nord, qui est aujourd'hui fin prête pour revendiquer ses territoires situés au nord du Mali et qui englobent Kidal, Tombouctou et une partie de Gao. Le gouvernement de Bamako a été destinataire de nos exigences et des délais lui ont été impartis pour répondre à nos revendications. Les manifestations publiques ont été organisées pour montrer aux autorités que nous ne sommes pas seuls et que la population soutient notre combat pour la liberté…» Ainsi, en plus des activités terroristes, de la contrebande, du trafic d'armes et de cocaïne, les prémices d'une troisième révolte armée font craindre le pire.