A la veille de chaque CAN, des clubs européens soutenus par des dirigeants, entraîneurs et acteurs influents du football du vieux continent suggèrent à la Confédération africaine de football de revoir le calendrier de la CAN et de le copier sur l'Euro (coupe d'Europe des nations) qui se déroule une fois tous les quatre ans. La démarche est motivée par le souci des Européens de préserver les intérêts de leurs clubs. Ils ne sont pas les derniers à le faire puisque quelques-uns exercent un chantage honteux sur les internationaux africains afin de les dissuader de rejoindre leur sélection. Les règlements de la FIFA sont, bien sûr, contournés habilement puisque le chantage est surtout moral : « Tu pars à la CAN, tu ne rejoues plus chez nous. » Les internationaux africains ont du mérite en résistant à cette pression qui n'honore ni ses auteurs ni ceux qui appuient cette revendication. Ils arguent qu'une CAN tous les deux ans, c'est beaucoup et oublient, au passage, que leurs joueurs (européens) sont soumis à un même rythme pour un événement (identique) majeur tous les deux ans. Les Européens qui ont la haute main sur le football mondial, au double plan sportif et économique, dictent leurs règles sur tout ce qui touche au ballon rond. Leurs joueurs, salariés dans des clubs appartenant au monde des riches, sont libérés sans difficulté lorsqu'il s'agit d'honorer les obligations liées à leur rang d'international. Les fédérations, clubs et dirigeants européens ne crachent pas dans la (bonne) soupe faite à base de millions d'euros récoltés de l'Euro et de la Coupe du monde. Pourquoi la Confédération africaine et les associations affiliées se priveraient-elles des dividendes que procure la CAN ? Les Européens qui plaident en faveur du réaménagement du calendrier de la CAN sont mus par leurs seuls intérêts sportifs et économiques. Ils n'ont cure du développement du football africain qu'ils continuent de piller de ses meilleurs jeunes talents sous-payés par rapport au produit local (européen). La proposition européenne a peu de chance d'aboutir. Sa concrétisation passe d'abord par un partage équitable de la représentativité des continents à la Coupe du monde. L'Afrique accuse encore un retard sur l'Europe, malgré sa progression, symbolisée par le Cameroun, le Nigeria, le Sénégal qui ont damé le pion à des cadors européens en phase finale de coupe du monde. Le jour où cet équilibre sera atteint, l'Afrique empruntera cette voie sans crainte.