Il n'y a eu que le président de la FIFA pour s'élever contre l'abus des clubs européens. Avant même de débuter, la Coupe d'Afrique des Nations de football aura été marquée par la réticence de certains clubs européens à permettre à leurs joueurs africains d'aller la disputer avec leurs sélections nationales respectives. Focaliser le problème sur la CAN serait, à notre sens, une erreur. Il ne faut pas oublier que la FIFA se heurte, depuis maintenant quelques mois, à un groupe de clubs européens, mené par le Bayern de Munich, qui cherche à faire valoir des arguments qui tournent autour du calendrier international et de l'argent que doivent leur verser les fédérations des pays auxquels ils prêtent des internationaux. Ces clubs visent même leurs propres fédérations, c'est-à-dire des joueurs de leurs pays. Ils veulent, en cela, partir en guerre contre une disposition des règlements internationaux qui stipule que les clubs doivent mettre à la disposition des sélections nationales leurs internationaux et ce, sans aucune condition. Il est un fait indéniable que le football professionnel est devenu, aujourd'hui, une formidable machine à sous qui brasse d'énormes intérêts. Ces clubs, les plus riches de la planète, ne veulent pas se plier à des instructions qui répondent, selon eux, à des notions d'amateurisme. Et encore, ces clubs se plaignent d'une compétition, l'Euro (Coupe d'Europe des nations), qui se déroule en juin, c'est-à-dire à une période où eux sont en vacances. Que dire de la CAN qui se dispute au mois de janvier en pleine phase des championnats européens? Au fil des ans, le vivier africain s'est épanoui en Europe. Les clubs du vieux continent tirent un énorme profit des joueurs africains qu'ils ramènent, le plus souvent, très jeunes de leurs pays d'origine, qu'ils contribuent à former mais qu'ils se permettent de payer au salaire le plus bas. C'est ainsi qu'un Claude Makélélé, congolais d'origine, français d'adoption, un des meilleurs milieux défensifs du monde était, pratiquement exploité par le Real Madrid qui consentait à lui donner un salaire digne de ses stagiaires. Il a fallu qu'il aille à Chelsea pour qu'il reçoive une rétribution plus élevée mais qui reste en deçà de celle de joueurs du club qui sont loin de posséder son talent. Dans le litige joueurs africains-clubs européens concernant la CAN, on était en droit de s'attendre à une réaction de la part de la CAF. Elle est venue de la FIFA, de la voix du président de celle-ci, M. Sepp Blatter en personne, qui a pris la défense des joueurs et mis en garde les clubs. Celui de la CAF, M.Issa Hayatou, a préféré privilégier la course à sa propre réélection à la tête de l'instance africaine se baladant aux quatre coins du continent alors que tout le monde sait qu'il repassera comme une lettre à la poste, son unique adversaire du Botswana ne faisant pas le poids. Ce n'est pas la première fois que Blatter court au secours du football africain. C'est lui qui a décidé que notre continent aurait l'organisation de la coupe du monde de 2010 au moment où Hayatou vaquait à quelques opérations de prestige qui ne servaient que sa propre personne. Le drame c'est que les pays africains s'alignent derrière lui ne font, presque, rien pour défendre leurs joueurs expatriés. Tout le monde est unanime pour dire que la date choisie pour la CAN est inappropriée du fait qu'aujourd'hui, la majorité des joueurs internationaux d'Afrique évoluent hors du continent, c'est-à-dire dans des pays où les championnats nationaux sont en cours. C'est là que devra se situer la bataille car dans l'affaire, il serait désolant d'oublier qu'il y a des intérêts à défendre à savoir ceux des acteurs eux-mêmes, les joueurs.