La réorganisation des différentes filières de production agricole et d'élevage entamée il y a deux ans par le ministère de tutelle tarde à s'opérer dans le sud-est du pays, où le comité régional affilié à l'Office national interprofessionnel de lait qui regroupe les wilayas de M'sila, Djelfa, Laghouat, Ouargla, Tamanrasset et Ghardaïa tarde à se concrétiser. Cet organe consultatif composé des représentants de l'ensemble des catégories professionnelles de la filière lait, des consommateurs et des pouvoirs publics des wilayas concernées, conformément au décret de juillet 1997, n'a pas encore vu le jour, selon Alouani Saïd, chef de file de l'industrie du lait de la wilaya de Ghardaïa, qui déplore tant de retard dans la mise en place de cette instance qui aurait dû constituer le porte-voix des producteurs et consommateurs du lait de ces wilayas, en donnant des recommandations opportunes sur la politique générale de la filière lait et l'organisation du marché et des prix. Rencontré en marge des assises régionales sur le développement local tenues dimanche à Ouargla, le propriétaire de Safilait de Ghardaïa semblait sceptique quant à une réelle volonté des pouvoirs publics concernant la mise en place d'une filière du lait à l'ancrage solide et bien rodé dans le sud-est du pays. C'est d'ailleurs un signal de détresse qui a été émis par les industriels de Ghardaïa, qui ont appelé le CNES à prioriser la sécurité alimentaire dans la liste des recommandations à lever aux assises nationales et œuvrer à ce que chaque pôle régional puisse contribuer à son autosuffisance en produits stratégiques qui alourdissent la facture de l'importation du pays. Ainsi, c'est plus d'efficacité et de ciblage des aides allouées aux différents segments de la filière lait que Alouani Saïd a recommandé lors des travaux en atelier tenus il y a quatre jours. Ghardaïa, qui se place en pole position dans le Sud, produit plus de 20 millions de litres de lait par an. Outre le lait de vache qui constitue le gros de la production, le lait caprin et camelin est prépondérant dans cette industrie. L'intérêt accru à la relance de l'élevage de ces espèces sahariennes rustiques a été rendu possible par l'implantation de plusieurs laiteries tant à Ghardaïa, El Atteuf qu'à Guerrara, constituant ainsi un véritable bassin laitier au cœur du Sahara. Les mesures incitatives initiées par les pouvoirs publics pour booster et réorganiser l'activité avaient pour objectif la quantification et l'évaluation des capacités régionales dans le but d'améliorer les cheptels et encourager les cultures fourragères, mais les efforts consentis manquent apparemment d'efficacité dans le sud du pays, où des contraintes climatiques et environnementales font du soutien de l'Etat à la mise en place des laiteries, de centres de collecte et l'octroi de primes à la collecte et l'intégration industrielle, l'acquisition de nouvelles génisses et la mise en place de nouveaux périmètres agricoles, des mesures insuffisantes pour le moment. Le partenariat franco-algérien dans l'industrie du lait semble intéresser les producteurs de M'Zab dont les adhérents à la chambre de commerce et d'industrie ont organisé plusieurs rencontres avec l'ambassadeur de France en Algérie puis les représentants de la mission économique française de l'ambassade. Son excellence, M. Xavier Driencourt, avait exprimé un an plus tôt sur les colonnes d'El Watan, «une volonté bilatérale de tisser des relations de partenariat entre la chambre de commerce et d'industrie du M'Zab et celle de Bretagne, région leader en matière de production et industrie laitière en France». Et c'est dans ce sens qu'un accord de partenariat a été signé l'année dernière entre l'Institut national des techniques d'élevage (ITE) et le groupe français ‘‘Bretagne international''. Doté d'un financement de 2,2 millions d'euros, cet accord de coopération étalé sur trois ans escompte le développement et la professionnalisation de la filière du lait dans notre pays. En attendant, les opérateurs du sud-est attendent leur comité interprofessionnel.