Le ministère de la Culture nous a envoyé un complément d'information suite à l'entretien réalisé dans le numéro de vendredi dernier avec le chercheur algérien Ammar Kessab sur la question des politiques culturelles. Ammar Kessab, chercheur et expert en management culturel, a reconnu dans l'interview, qu'il a accordée à El Watan Week-end dans son édition du 11 novembre 2011, la relance effective de l'action culturelle à partir des années 2000. Cette relance n'a été rendue possible que par les efforts constants et l'inlassable sensibilisation déployés par le secteur en charge de la culture pour que la création artistique et littéraire soit de nouveau revalorisée et qu'elle soit incluse dans les priorités des politiques publiques du gouvernement. Ces efforts ont, heureusement, trouvé une écoute attentive qui s'est concrétisée, notamment par la revalorisation du budget alloué au secteur. Du reste, ce nécessaire réajustement du budget n'est pas exclusif à la culture, car tous les secteurs ont bénéficié d'une révision à la hausse de leur budget dans le cadre du programme de développement et d'investissement du pays. Le ministère de la Culture, soucieux de garantir à l'artiste les conditions nécessaires à la création et à l'émergence des talents, a défini une politique culturelle qui assure la pérennité de notre savoir-faire artistique et littéraire, dans un monde qui s'uniformise et où l'hégémonie culturelle est une tendance forte, un danger permanent contre lequel il faut lutter. Conscient de ces risques qui guettent nos créateurs, le ministère de la Culture s'est investi avec beaucoup de volonté dans le débat ouvert par l'Unesco en 2005 à Paris sur la convention relative à la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. L'Algérie a défendu avec persévérance et détermination le principe juste et noble de la défense de la diversité des expressions culturelles et la nécessité, pour l'humanité d'avoir cet instrument juridique qu'est la convention de 2005. Ce principe guide la politique du ministère de la Culture aussi bien vers l'extérieur pour faire face aux défis de la domination et la suprématie induits par la mondialisation en défendant l'exception culturelle, mais aussi à l'intérieur du pays, en créant les conditions idoines pour que les différentes expressions culturelles puissent s'épanouir. M. Kessab a reconnu que les nombreux festivals et autres manifestations culturelles vont dans le sens du respect de ce principe. Il convient de rappeler que ces festivals et les activités culturelles, programmés au niveau local, sont organisés en coordination et concertation avec les associations culturelles ainsi qu'avec les femmes et hommes de culture, mais selon un encadrement juridique et réglementaire qui assure la transparence et le contrôle de la gestion des deniers publics. Cette relance de l'action culturelle a, par ailleurs, permis aux artistes algériens et aux centaines d'associations de trouver des opportunités permanentes pour mettre en valeur leurs créations et le produit de leur travail. La condition de l'artiste est une priorité du ministère de la Culture qui n'a pas cessé de plaider cette cause jusqu'à obtention, récemment, du texte portant création du Conseil national des arts et de la culture. Cet organisme, composé essentiellement de grandes figures et compétences reconnues de la culture, veillera à l'amélioration de la condition de l'artiste et sa reconnaissance. Enfin, même si - je cite - «le budget consacré à la culture représente les budgets de la Grèce et du Portugal réunis», il suffit de rappeler que le budget de la culture en Algérie est encore très loin des normes de l'Unesco qui encouragent les pays en développement à consacrer 1% de leur budget global à la culture. Par ailleurs, il aurait fallu rappeler que la Grèce et le Portugal ont adopté le modèle anglo-saxon comme modèle de gestion de la culture, c'est-à-dire le «tout marché». L'Algérie, quant à elle, se rapproche davantage du modèle français qui, de notre point de vue, est le plus pertinent, car il considère vital et nécessaire que l'Etat s'implique avec une politique volontariste, des institutions et des budgets conséquents pour ne pas sacrifier l'âme du peuple français et sa spécificité culturelle aux diktats du marché et à la dictature des profits. Ce n'est qu'à ce prix que la France a pu, par exemple, résister à Hollywood et elle a raison. Pour finir, nous tenons à corriger deux informations fausses et dangereusement erronées. La première qui veut faire croire que le ministère de la Culture a «nationalisé» tous les espaces culturels. En vérité, face à toutes les salles de cinéma entre les mains des APC, le ministère ne possède qu'un maigre réseau de cinémathèques et deux salles à Alger (El Mougar et Ibn Zeydoun) ! Face à plus de 600 centres culturels entre les mains des APC et du ministère de la Jeunesse et des Sports, le ministère de la Culture détient 38 maisons de culture en activité et 9 en construction. La deuxième contrevérité est que l'action de la société civile a été «réduite à néant». Archifaux. Grâce aux festivals institutionnalisés, c'est la société civile, notamment les artistes de tout le territoire national, qui agit, travaille et produit. Evidemment dans un cadre réglementaire qui permet la stricte transparence dans les dépenses des deniers publics et la garantie que les objectifs culturels des festivals soient atteints. Nous n'avons aucune honte à déclarer tout haut que nous nous sommes inspirés de pays européens, notamment la France, pour tracer cette politique, car nous avons considéré que ce modèle de gestion est bon pour notre peuple. Nous invitons le chercheur à se rapprocher du ministère de la Culture pour éviter les contrevérités dans les résultats de recherche, car sa rigueur et sa crédibilité en dépendent.