Nordine Cherouati n'est plus à la tête de Sonatrach contrairement à ses affirmations de la veille. Abdelhamid Zerguine a été officiellement installé, hier, président-directeur général du groupe Sonatrach lors d'une cérémonie «brève et sereine». «Cherouati est sorti calme et confiant», déclare une personne qui a assisté à la cérémonie de passation des consignes. La décision de son limogeage a été prise à bord de l'avion présidentiel de retour de Doha où Abdelaziz Bouteflika avait pris part au Sommet des pays exportateurs de gaz. «Youcef Youssefi (ministre de l'Energie) avait profité de l'occasion pour exposer au président Bouteflika le conflit l'opposant à Cherouati et son intention de le limoger de son poste de PDG, ce que le Président avait accepté après avoir écouté le point de vue de Youssefi. Il a par la suite donner son accord à son ministre de l'Energie», révèle une source à la Présidence qui a requis l'anonymat. Le conflit opposant Youcef Youssefi à l'ex-PDG de Sonatrach serait le refus de ce dernier de signer un important contrat. «Depuis son installation à la tête de Sonatrach, Nordine Cherouati a instauré une nouvelle atmosphère à l'intérieur de l'entreprise, refusant les contrats qui viennent d'en haut», assure un haut cadre de la Sonatrach. Mercredi dernier, le conflit a atteint son paroxysme après le refus catégorique de Cherouati de signer un contrat, dont nos sources refusent d'en révéler la nature et le contenu. «Une altercation verbale violente s'en est suivie», confie une source à Sonatrach. «le gendarme» Le jour même, Nordine Cherouati fait une sortie fracassante dans la presse et dément son limogeage. «Cherouati n'ignorait pas que sa tête était mise à prix et savait pertinemment que le nouveau mode de gestion établi au sein de la firme dérangeait des parties qui ont vu leur influence et leurs affaires menacées. Beaucoup de cadres et de hauts responsables se sont plaints auprès de Youcef Youssefi et ils ont exercé une pression sur lui pour le débarquer de la firme», confie un haut cadre du ministère de l'Energie et des Mines. Le conflit remonte au mois de juin dernier, selon même les déclarations faites ce mercredi par Cherouati himself à la presse : «Il n'y a rien, ce n'est que de la rumeur, ça revient, ça dure depuis trois semaines. Il y a six mois, il y a eu la même rumeur.» Un clin d'œil que les initiés avait bien capté : «Il était prévisible que des parties allaient tout faire pour le dégommer de la tête de Sonatrach ; Cherouati a osé s'attaquer à des pratiques et des habitudes comme il l'a lui-même déclaré hier, où des secteurs sont départagés entre des têtes connues, il a voulu mettre fin à tout cela, voilà qu'on le remercie.» Ainsi le «gendarme», comme le surnomment certains cadres et employés de Sonatrach, subit, depuis des mois, une campagne de déstabilisation. Des rumeurs ont été distillées dans la presse évoquant diverses raisons de son limogeage : «Ce n'était qu'une manière de mettre la pression sur Cherouati, une mise en demeure qui ne dit pas son nom», selon une source de Sonatrach. Mais d'autres lectures inscrivent ce limogeage express dans la logique des «guerres des clans» qui viennent de reprendre.
Bio express : Abdelhamid Zerguine succède à Nordine Cherouati qui avait été désigné à la tête de Sonatrach en mai 2010. Avant sa nomination à ce poste, M. Zerguine, 61 ans, assurait la présidence de Samco, filiale de Sonatrach et de l'italien ENI, chargée de la commercialisation du gaz dont le siège est à Lugano en Suisse. Ingénieur de formation de l'Institut algérien du pétrole (IAP) en 1976, il a occupé plusieurs postes de responsabilité dans le secteur, notamment DG de l'Entreprise de génie civil et du bâtiment (ENGCB), vice-président de Sonatrach chargé de l'activité transport des hydrocarbures (TRC), et directeur exécutif chargé des activités internationales de Sonatrach.