La wilaya d'Alger est déjà équipée de caméras de surveillance, publiques et privées, dont le nombre serait de 4000. La vidéosurveillance a le vent en poupe : la wilaya d'Alger a lancé un avis d'appel d'offres national et international pour la fourniture, l'installation et la mise en service de 3204 nouvelles caméras de surveillance. La direction des équipements lance un appel pour engager des opérateurs ou des entreprises spécialisés dans la vidéosurveillance urbaine à titre individuel ou collectif «ayant déjà conçu un tel système pour une grande ville dans le monde». La wilaya est déjà équipée de caméras de surveillance, publiques et privées, dont le nombre serait de 4000, fait remarquer une source au niveau de la DGSN. «Depuis la mise en application de cette politique, qui touchera 6 wilayas pilotes, dont Alger, près de 200 caméras sont installées chaque année depuis le lancement de l'opération en 2003», fait remarquer la source. Les Algérois, qui constatent la multiplication de ces caméras à plusieurs endroits, s'interrogent sur l'assise juridique de ces équipements, mais aussi sur leur efficacité, qui n'a jamais été prouvée, même en Grande-Bretagne où la première caméra a été installée lors d'une cérémonie royale en 1992. «Les caméras partout ? Je n'en vois pas l'utilité. Durant les événements de janvier dernier, des jeunes en ont saccagé des dizaines sans faire réagir les autorités. Aucun bilan n'a été fait par la police ou les services de la wilaya qui installent ces équipements sans être obligés de faire un quelconque bilan d'une opération lancée à la hussarde il y a plus de 7 ans», s'indigne Khaled S., un chauffeur de taxi, qui fait remarquer que des socles en béton ont été installées à la base des supports de ces caméras «rétrécissant davantage les chaussées ». «Les caméras servent plus à surveiller les citoyens qu'à les protéger», comme le déclarent ses promoteurs du ministère de l'Intérieur. «Le coût d'installation et d'entretien de ces caméras est excessif, mais l'intérêt pour la sécurité des citoyens est moindre. Les jeunes délinquants se baladent à la rue Belouizdad où il y a plus d'une vingtaine de caméras», peste Slimane, habitant le Hamma, qui fait le parallèle avec le voisin tunisien, où le pays est devenu durant la période de règne de Ben Ali un «véritable commissariat mais n'a pas empêché la révolte». Sur quelle législation s'appuient ces installations dont s'équipent des institutions publiques ou privées, ou même des particuliers ? Si un pays «proche », comme la France, a adopté une loi (loi Pasqua sur la sécurité, de juillet 1995), l'Algérie, qui a vécu plusieurs années sous les lois d'exception, n'a pas besoin de son équivalent, soutiennent des juristes. Ces caméras sont-elles dissuasives ? Nullement, si l'on se fie aux chiffres donnés par les services de sécurité, qui remarquent une «nette augmentation des actes de délinquance ». « La petite délinquance sévit partout, même au centre-ville, où les caméras sont installées partout, sur les grands boulevards et à tous les carrefours. A l'avenir, ces caméras délocaliseront vers la périphérie la délinquance au lieu de la régler. Ces caméras constituent aussi une menace pour les droits fondamentaux. La vie privée et la liberté de mouvement ne sont pas respectés», assure un habitant de la rue Ghermoul (Sidi M'Hamed) où des agressions sur des citoyens sont enregistrées depuis quelques jours.