Il sera question d'enregistrer des images de personnes sans leur consentement et de suivre en permanence leurs faits et gestes. Les caméras de surveillance vont proliférer en Algérie. Un établissement chargé de réaliser des systèmes de vidéosurveillance a été créé conformément à un décret présidentiel. Cet établissement à caractère industriel et commercial placé sous la tutelle du ministère de la Défense nationale, aura pour mission de mettre en place ces systèmes de surveillance sur le territoire national. Cet établissement, dont le siège est à Alger, a été créé sous la dénomination; Etablissement de réalisation de systèmes de vidéosurveillance, ou Epic Ersv par abréviation. De ce fait, ce dernier annonce la multiplication des systèmes de vidéosurveillance sur les voies publiques afin de lutter contre la criminalité sous toutes ses formes. Pourtant, certains rapports internationaux montrent que la vidéosurveillance n'entraîne pas de baisse significative des chiffres de la délinquance. Si l'on se réfère au Royaume-Uni, pays qui compte plus de caméras que dans n'importe quel pays européen, Scotland Yard a conclu dans un rapport publié en 2008, de manière encore plus concrète, à leur inefficacité, alors que d'autres pays procèdent actuellement à leur désinstallation. En plus, mis à part l'impossibilité de ces caméras de remplacer la présence humaine dans la sécurisation des lieux, c'est autour du liberticide que la polémique monte. Et pour cause, il sera question d'enregistrer des images de personnes sans leur consentement et de suivre en permanence les allées et venues de chacun, ce qui est une atteinte à la vie privée. L'autre atout qui joue en la défaveur de ce nouvel outil sécuritaire est son usage à mauvais escient, puisque les images enregistrées peuvent être utilisées à toutes sortes de fins et parfois même illégitimes. Certaines entreprises pourraient surveiller leurs salariés jusque dans leur intimité, alors que d'autres administrations le feront à des fins politiques et surtout de chantage. Il convient alors de rappeler ici, l'affaire d'espionnage qui a concerné le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Mahmoud Khoudri. En effet, les deux intervenants qui n'étaient autres que le secrétaire général auprès du ministère ainsi que son délégué, ont profité du décret présidentiel relatif à l'installation de systèmes de télésurveillance dans les départements stratégiques de l'Etat. Le ministère des Relations avec le Parlement a alors procédé à l'achat de 13 caméras de surveillance dont la gestion de l'installation a été prise en charge par le secrétaire général et son délégué. Ces derniers ont alors installé une de ces caméras dans la cuisine du ministre et l'ont directement reliée à son cabinet afin de l'espionner, selon un résumé du rapport remis au juge d'instruction chargé de cette affaire. Pour revenir à l'Ersv, cet établissement est également chargé de la conception, du développement et de l'installation de ces systèmes de vidéosurveillance. Dans ce sens, les dispositions générales inhérentes à la création de cet établissement stipulent que des unités peuvent être créées conformément à la réglementation en vigueur. Le décret précise en outre que ces systèmes seront mis en place dans une optique de sécurisation des biens et des personnes,mais également dans la perspective de lutte contre toutes les formes de criminalité, même si cette mesure n'est pas du goût de certains citoyens qui parlent d'atteinte à la vie privée.