Les tarifs pratiqués sont loin d'être à la portée des familles modestes. Les parents critiquent vertement les enseignants qui donnent les solutions aux exercices demandés en classe. Les parents d'élèves dénoncent le diktat des enseignants qui «conditionnent la réussite des enfants par le nombre d'heures de cours particuliers payants pris après les heures de classe et par les montants versés». Il n'y a presque plus un immeuble ou construction qui ne contienne pas un local où sont dispensés des cours, qui échappent à tout contrôle. Gage de réussite aux yeux des parents, c'est avec beaucoup de sacrifices que la plupart des familles réunissent la somme nécessaire pour assurer à leur enfant ce sésame censé lui ouvrir grandes les portes de la réussite. Les enseignants qui proposent ces cours utilisent les moyens les plus simples pour s'assurer une clientèle : l'affichage et le bouche à oreille sont des moyens efficaces pour se faire de la publicité sans dépenser le moindre sou en annonces sur les journaux ou sites spécialisés. Les honoraires s'élèvent parfois jusqu'à 1500 DA l'heure. «C'est le tarif pour les cours de mathématiques et de physique du programme des classes de terminale», indique un parent d'élève. Pour mettre toutes les chances du côté de leur enfant qui passera un examen dans quelques mois, les parents doivent également dépenser pour les autres matières, telles que les langues, la philosophie, l'histoire et la géographie. «Tout le monde prend des cours particuliers. Mon fils pense que c'est important. Si sa réussite ne tient qu'à ce fil, pourquoi l'en priver ?», répond une dame interrogée devant un établissement proposant des cours de soutien, aux Pins maritimes (Alger). Les tarifs pratiqués sont loin d'être à la portée des familles modestes. Ces cours peuvent coûter 200 DA l'heure pour les élèves du primaire, entassés dans une pièce au domicile de l'enseignant. Concernant ce palier scolaire, les parents émettent des craintes concernant les enseignants qui livrent les solutions des exercices donnés en classe. «Une manière de favoriser les élèves qui ont des cours particuliers et de complexer ceux qui n'en prennent pas après l'école», s'inquiète une maman, membre de l'association des parents d'élèves, à Baba Hassen. «Ce genre de cours pousse les élèves à ne faire aucun effort pour assimiler ce qu'ils sont censés apprendre en classe», a-t-elle enchaîné. 1500 DA l'heure, qui dit mieux ? Selon M. Khaled, président de l'Union nationale des associations des parents d'élèves (Unape), «des rapports font état d'enseignants qui obligent leurs élèves à suivre des cours après l'école». Ces enseignants s'arrangent pour réunir leurs élèves à domicile, où ils se montrent souvent «plus disponibles et plus efficaces à des tarifs exorbitants, selon des informations que nous avons obtenues», explique notre interlocuteur. Une élève du secondaire nous explique qu'elle est obligée de suivre des cours après l'école chez les mêmes enseignants qu'au lycée. «Je n'ai pas le choix, je me suis rendu compte que mon professeur de maths donne plus d'explications et d'exercices durant les cours particuliers, alors j'ai fait comme mes camarades, j'ai demandé à mes parents de me payer des cours», témoigne-t-elle. Les associations des parents d'élèves s'inquiètent également des conditions dans lesquelles sont dispensés les cours particuliers. Des étudiants ou des titulaires de diplômes universitaires improvisent des salles de classe dans des garages ou des maisons. Souvent, les locaux manquent d'aération et de sanitaires. Pour les établissements proposant ce genre de cours et fonctionnant en toute légalité, les représentants des parents d'élèves dénoncent «l'opacité» dans laquelle est confiné ce créneau géré par le ministère du Commerce uniquement. «Il suffit donc de détenir un registre du commerce pour ne pas être inquiété. D'ailleurs, il n'y a aucun contrôle sur le contenu des cours, sur le niveau de l'enseignant ni sur ses capacités pédagogiques», dénonce le président de l'Unape. Les parents d'élèves dénoncent aussi l'absence de la tutelle : «Nous souhaitons que le département de Benbouzid fasse preuve de plus de rigueur et s'implique dans la gestion et la régulation de ce créneau.» Le retour aux cours de soutien financés par le ministère de l'Education nationale destinés aux différents paliers et l'interdiction des cours à domicile sont également exprimés comme une solution pour mettre fin à cette anarchie.