Danielle Mitterrand, veuve de l'ancien président français, François Mitterrand, décédée hier à l'âge de 87 ans, a été toute sa vie une militante de gauche, infatigable voix des peuples «opprimés», fière de ses indignations, têtue et parfois candide. Fidèle à ses idéaux et à François Mitterrand, qui la considérait comme sa «conscience de gauche», la veuve de l'ancien Président disparu en 1996 a inlassablement multiplié les actions humanitaires à la tête de la fondation France-Libertés, qu'elle présidait depuis sa création en 1986. «Ma qualité d'épouse du Président m'a placée au carrefour d'appels innombrables d'hommes et de femmes opprimés», expliquait cette avocate convaincue de «l'ingérence humanitaire». Elle s'est battue en faveur des déshérités du monde entier, notamment pour enrayer la progression du sida, défendre la cause kurde (un des grands combats de sa vie) ou le partage plus équitable de l'eau sur la planète. Ses initiatives, qui ont parfois placé la diplomatie française en porte-à-faux, ont été critiquées par des gouvernements étrangers peu enclins à faire le distinguo entre l'épouse du Président et la militante. En 1989, elle mécontente la Chine en recevant, au siège de sa fondation, le dalaï-lama, chef spirituel des Tibétains, combattu par Pékin. En 1990, elle renonce à se rendre dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf en Algérie, à la suite des protestations du Maroc. L'Afrique du Sud, l'Argentine ou la Turquie se plaignent aussi de ses prises de position.