Invité mardi passé par Slimane Belharat à sa rencontre «Parole aux artistes», animée à la salle du petit théâtre de la maison de la culture Mouloud Mammeri, Boudjemaâ Agraw, le vieux routier de la chanson kabyle engagée, a saisi cette occasion pour revenir sur son riche parcours artistique. L'artiste indique avoir commencé sa carrière dans la chanson au début des années 80 en tant que chanteur amateur à la Chaîne 2 de la radio nationale. Il a rappelé les circonstances de la naissance du groupe Agraw, avec son ex-compagnon, Takfarinas, aujourd'hui vedette de la chanson kabyle, avec lequel il a enregistré deux Albums. Ces deux produits ont fait un grand succès à cette époque, avec notamment les célèbres chansons Leswar ezzine, Mumendil Yeddwen, D'Akli et Chef u-parti. Cependant, ce groupe n'a pas duré longtemps, puisque les deux chanteurs se sont séparés juste après avoir produit les deux albums, chose que regrette l'invité de «Paroles aux artistes». En 1984 il sortit un album en solo, avant de faire intégrer, une année plus tard, un autre talentueux chanteur dans son groupe, Karim T en l'occurrence avec lequel il réalise une autre K7. Cette union ne durera qu'une année. Le fondateur d'Agraw décide de poursuivre son petit bonhomme de chemin dans la chanson engagée en réalisant en France, en 1987, un autre album. Des musiciens de réputation en ont collaboré, à l'image d'Arezki Baroudi. En 1988, Boudjemaâ Agraw décide de s'installer en Algérie. En militant pour la démocratie, la langue et la culture amazighes, l'artiste se résolut à vivre en Algérie parmi les siens, en dépit des douloureux évènements sévissant dans le pays durant les années 90. Ainsi, il ne cessera plus de clamer son amour pour sa patrie en chantant tous les jours, au moment où beaucoup de ses semblables fuyaient l'Algérie, alors à feu et à sang. Boudjemaâ Agraw, qui admet avoir parfois chanté du «n'importe quoi», promet aujourd'hui à son public «un très beau travail à l'avenir». Son dernier album est sorti, rappelons-le, en été dernier, avec comme titre phare «Zenga zenga», une sorte de clin d'œil aux Amazighs libyens de Benghazi. Ce produit renferme aussi une chanson hommage au grand poète kabyle, Si Muhend U Mhand.