Revenu au pays après 23 ans d'exil, Karim Haddad, le plaignant, tente de créer un commerce devant générer une trentaine d'emplois, mais le bâti a fait l'objet d'une destruction. Un jeune investisseur, Karim Haddad, 44 ans, s'est rapproché de notre rédaction pour dénoncer «la discrimination», dont il estime avoir fait l'objet de la part des services de l'APC, selon ses propres mots. Au motif d'absence de permis de construire, ces derniers ont procédé, une première fois, en juin dernier, à la destruction de travaux préliminaires à son activité professionnelle, engagés sur une parcelle de 694 m2 au lieudit Onama, n° 30, Route de Batna, que sa famille, à l'instar de beaucoup d'autres, acquit par seing privé (ôrfi) auprès d'un particulier. «Je suis revenu au pays après 23 ans d'exil pour participer à la construction de mon pays par la création, -avec mes propres moyens-, d'une activité commerciale devant générer 30 emplois», explique-t-il. «Je serais le premier, poursuit-il, à me rendre à l'évidence si les lois étaient appliquées à tous, mais en l'occurrence ce n'est pas le cas, puisque tous mes voisins ont construit sans permis. Une source de l'APC me dira que mon seul tort est que mon terrain soit mitoyen avec celui de l'athlète Hassiba Boulmerka». L'argument qui semble incompréhensible, pousse le plaignant à reprendre ses travaux. Mal lui en prit, puisque le 20 octobre 2011 à 7h du matin, les services de l'APC reviennent avec des engins et une trentaine d'agents de la sûreté, pour procéder à la démolition de la bâtisse.Karim Haddad saisit alors le président de la République par courrier le 22 octobre 2011 (dont copie au Premier ministre), disant: «(…) Muni de l'acte ôrfi attestant que je suis propriétaire du terrain, je me suis rendu à la mairie, et là on me signifie que ces services avaient été saisis par un cousin de l'athlète Hassiba Boulmerka, et que cette dernière, qui est en train de réaliser un projet sur un terrain mitoyen avec le mien, aurait déclaré qu'aucune construction ne viendrait entraver son projet.» Karim Haddad affirme que Hassiba Boulmerka a émis le vœu de lui acheter le terrain, objet du litige. Un voisin qui dérange Nous avons joint la championne olympique au téléphone pour avoir son avis sur la question, et voici sa réponse: «Je n'ai aucune relation avec cette affaire; celle-ci est du ressort de la justice; en plus, ce monsieur a construit de manière illégale puisqu'il n'a pas d'acte enregistré; et d'autre part, je ne peux vouloir acheter ce lot qui n'est même pas inscrit.» Pour notre part, nous nous sommes rendu sur les lieux (Route de Batna), où l'on nous dira que la quasi-totalité des parcelles bâties ont été acquises en seing privé. Le P/APC, Abdelhamid Chibane, que nous avons vu à son bureau décline, en substance, les précisions suivantes: «Nous agissons toujours sur plainte, sinon comment pouvons-nous voir tous ceux qui construisent illicitement, sachant que nous n'en avons ni les moyens humains ni matériels pour cela ?» Nous montrant une pile de dossiers de demandeurs de permis de construire, il ajoute: «Nous sommes en train de délivrer le permis de construire à tous ceux dont les papiers sont réguliers.» Le directeur de l'urbanisme, que nous avons également rencontré, abonde dans le même sens: «Ce monsieur veut construire sur un terrain litigieux; les autres ont un plan de masse, lui non. Légalement, ce terrain n'appartient même pas au vendeur, qui a écoulé illicitement plusieurs parcelles.» Pour l'APC, le problème n'a donc rien à voir avec le fait que le terrain soit mitoyen avec celui de la championne olympique. Néanmoins, le caractère «litigieux» de la parcelle n'est apparu aux yeux de la police de l'urbanisme que suite aux différentes plaintes émises par la famille Boulmerka.