Silence, on augmente ! Les prix des fruits et légumes ont flambé, ces derniers jours. Alors que les petites et moyennes bourses s'attendaient à ce que la fièvre autour des fruits et légumes baisse une fois les fêtes terminées, les prix, eux, ne cessent de grimper. Dans les marchés de la capitale, la mercuriale affiche des tarifs qui donnent le tournis. Les petits pois coûtent 130 DA. Le prix des haricots verts oscille entre 160 et 200 DA alors que celui des carottes a bondi à 40 DA. Les autres produits jouent également les « grosses légumes ». Les navets sont à 50 DA, les tomates à 60 DA, les pommes de terre à 35 DA, le piment vert à 160 DA et les fenouils à 60 DA. De quoi provoquer une syncope aux ménagères. Même la courgette, pourtant abondante et accessible il y a encore peu de temps, est devenue inaccessible. Elle fait près de 100 DA le kilo ! « Même si j'étais milliardaire, je n'achèterais pas les haricots à 200 DA ou la courgette à 100 DA », confie un quadragénaire près des étals du marché de Ali Melah d'Alger. Quelles sont les raisons de cette flambée persistante malgré une disponibilité des produits ? Les marchands rejettent la faute sur les grossistes qui vendent trop cher leurs produits. « Les prix exercés aujourd'hui sont plus chers que ceux de Ramadhan. Les grossistes nous ont expliqué que la production n'est pas très importante à cause du gel », affirme un vendeur du marché Clauzel d'Alger. Et d'ajouter : « Le gel a apparemment détruit toutes les productions. Les légumes n'ont même plus de saveur. » Les prix des fruits ont également connu une hausse. Les pommes et les poires atteignent les 120 DA pour cause de « contre-saison », selon le marchand. « Ce sont des productions nationales, mais ceux-là sont des lots congelés, c'est pour cela qu'elles sont aussi chères », explique-t-il. Les fruits de saison, comme l'orange, coûtent entre 30 DA et 60 DA. Les marchands mettent cela sur le compte de la « qualité ». Les acheteurs, eux, ne se posent pas trop de questions. « Tout a augmenté. Nous sommes bien obligés de faire avec », lâche un vieux, avec un air blasé. Au ministère du Commerce, on s'en lave les mains. « Le ministère du Commerce ne fixe pas les prix. Nous agissons uniquement pour contrôler la qualité. Notre mission s'arrête à la protection des consommateurs », dit l'un des responsables du département du commerce. Du côté du département de l'agriculture, l'on nous explique que la majorité des fruits et légumes sont de contre-saison. « Dans la mesure où ces produits ne sont pas de saison, les producteurs ont des charges plus importantes qui se répercutent sur les prix », dit une source au ministère de l'Agriculture. Les agricultures vivent actuellement ce qu'ils appellent, dans leur jargon, « la période de soudure ». « La période d'hiver est toujours difficile. Quand il pleut beaucoup, l'on trouve des difficultés à atteindre les champs. Les stocks de la récolte printemps-été sont supposés dans ces cas là couvrir les besoins. La spéculation aidant aussi, l'on assiste à une flambée des prix », indique notre source. Paradoxalement, l'Algérie a enregistré, cette année, une production record de légumes. « Nous avons actuellement un excédent de 500 000 t de pommes de terre. Les grossistes la vendent à 15 DA/kilo, mais elle est cédée dans les marchés à 30 DA ou 35 DA. Tout cela est dû aux différents intermédiaires et à la spéculation », soutient le responsable du département de l'agriculture. Même topo pour les tomates : alors qu'elles sont cédées, selon la même source, à 15 DA dans les marchés d'Oum El Bouaghi, on les trouve à 60 DA dans le marché Clauzel...