C'était de justesse ! Vendredi dernier, Alger a évité la catastrophe humaine et environnementale. Certains parlent d'une forte déflagration, d'autres ont les yeux fixés sur le ciel où s'échappe une fumée noire et lourde. Elle obscurcit le ciel algérois en l'espace de 20 minutes. « Fait-il mauvais temps », s'interrogent les passants ? Non, le nuage de fumée fait barrage à la lumière trop épaisse pour laisser les rayons du soleil caresser notre espace en ce vendredi matin. Lourde de quelques résidus, la fumée promet, par une progression nonchalante, de s'installer durablement au-dessus des Algérois. C'est sans compter sur un vent marin qui dissipe la fumée, l'enveloppe pour la disperser définitivement. Un nouveau foyer d'incendie se rebelle et c'est à nouveau le même scénario. Tandis que les hommes de la Protection civile tentent de vaincre les flammes, le vent s'occupe de la fumée. Ils en viendront à bout vers 13h30. Qu'en aurait-il été en plein mois d'août, lorsque humidité et chaleur s'épousent pour damer le pion à la brise marine ? Le feu s'est déclaré dans la station de déballastage de la zone pétrolière du port d'Alger. L'incendie s'est produit par la présence de résidus de fuel dans la mer. Le mariage entre ces résidus, hautement inflammables et l'étincelle (dont on n'a pas détecté l'origine) a provoqué la catastrophe : des noces de flammes et de poudre. Un bateau Sonatrach amarré à quelque 60 m à vol d'oiseau de la catastrophe décide de partir, pour peu qu'il soit remplit d'hydrocarbures... « L'incendie, précisent les autorités de Naftal et de la Protection civile sur place lors de l'événement, s'est déclaré au niveau de la jetée, dans les conduites implantées sous la mer ». Certains photographes parlent d'incendie sur l'eau. La grosse cuve pétrochimique implantée à quelque distance de là gêne la vision. Elle fait d'ailleurs l'objet d'une attention particulière des pompiers qui l'arrosent d'eau savonneuse. Une odeur de fuel a empli l'air. Des journalistes sur place rapportent l'évacuation de l'entreprise Co-Gral qui est limitrophe du port pétrolier, une entreprise spécialisée dans la fabrication d'huile, du pétrole, du gaz... les ennemis jurés de l'homme et de la nature à une distance à peine respectable les uns des autres. Tout près de la mer, cette mer qui longe le pays sur 1200 km. Première richesse halieutique. Autant décider d'installer une gazinière dans une salle de bain, pas dangereux du tout. Si la préoccupation du moment en ce vendredi matin consiste à éteindre le foyer d'incendie, de couper les vannes d'alimentation de gaz et d'éviter les pertes humaines, il n'apparaît pas moins que l'autre catastrophe évitée est écologique. Au ministère de l'Environnement, ses différents services sont à pied d'œuvre pour estimer les dégâts. « Il n'y a rien à signaler », précise-t-on au ministère. Et de poursuivre : « La catastrophe a été prise en charge par le port et la station du Champ-de-Manœuvres affiliée au ministère précise qu'aucune pollution marine ou atmosphérique n'a été détectée. » Pourtant, lorsqu'on surplombs la baie sur les hauteurs de Riad El Feth, on peut observer une petite nappe grisâtre sur quelques mètres, non loin de l'incendie. Quelques nappes de fuel ? Il s'agit en effet d'une station de déballastage. Quelques résidus peuvent effectivement s'échapper du navire lors de l'opération de déballastage.