C'est avec un cœur plein que l'ancien entraîneur de l'équipe nationale de handball et néanmoins ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, Aziz Derouaz, a tenté de cerner les véritables causes du déclin de la petite balle et de proposer des solutions. Invité hier au forum d'Echibek, dans une conférence-débat à la Maison de la presse Tahar Djaout, Aziz Derouaz a fait le tour d'horizon sur les raisons de la réussite du handball national durant les années 1970 et 1980 avant d'arriver aux causes « de l'échec actuel et la destruction de l'équipe nationale ». Avec un franc-parler, le conférencier n'a pas été tendre avec l'actuel président de la FAHB, qui fait partie du maillon de la destruction. « L'héritage que j'ai laissé après mon départ de l'équipe nationale en 1989 a fait l'objet de concurrence régionaliste. C'est ainsi qu'une horrible et lamentable sélection de dirigeants a été créée pour partager les responsabilités, jusqu'au jour de la destruction de l'EN. Aujourd'hui, le président de la FAHB, qui est arrivé par accident au sommet de la fédération, lui qui a menti sur son âge en tant que joueur, m'accuse de trahison. Je l'invite à répondre à ces accusations devant la justice », a-t-il déclaré. M. Derouaz affirme en outre que c'est lui (le président de la FAHB) qui a détruit l'équipe nationale. « L'EN revenait en force en 2003 avec les joueurs qui préparaient le Championnat du monde espoir. Partout durant ses stages de préparation, elle le prouvait avec des résultats encourageants contre des sélections de gros calibres. Mais elle a été cassée en 2004 lors des Jeux olympiques d'Athènes en 2004 », estime-t-il. M. Derouaz estime qu'une campagne de déstabilisation a été menée contre sa personne alors que « j'ai tout donné pour ce sport et pour mon pays ». « J'ai travaillé bénévolement pendant 10 ans sans rien percevoir en contrepartie parce que j'aime mon pays. Je n'ai rien reçu en échange, je n'ai même pas un logement à ce jour, alors que j'ai attribué 50 logements aux joueurs de l'élite. J'ai été victime d'une éviction à la tête de l'EN en 1986 sans aucune raison avant d'être réquisitionné par la Présidence. La destruction a commencé lors de la CAN 1989 au sein même de l'équipe nationale qui préparait l'édition d'Alger, d'où la difficulté rencontrée durant le tournoi pour conserver notre titre. Cet esprit de destruction a été instrumentalisé pour partager l'héritage auquel j'ai participé à réaliser », a affirmé l'invité d'Echibek devant un parterre de journalistes. Pour étayer sa thèse sur cette campagne qui visait à minimiser le travail accompli pour le handball national, il dira : « Les reconnaissances internationales sont toujours venues avant celles de mon pays et elles étaient plus importantes aussi. J'ai été décoré pour la première fois de la médaille du mérite sportif par la Côte d'Ivoire, du diplôme international de handball. Ce n'est qu'après, en 1998 que j'ai été décoré de l'Ordre du mérite du COA, alors que j'ai terminé ma carrière », dira-t-il. M. Derouaz va plus loin en affirmant qu'il a donné des conférences en Iran et en Mauritanie sur la discipline, mais il n'a jamais été invité par la Fédération algérienne de handball pour en faire de même. Il a été très explicite en évoquant ceux qui refusaient de lui dédier le système de la défense avancée. « Il y a même des personnes qui estimaient que la défense avancée, qui a la spécificité d'être offensive, n'est pas algérienne. Or, à l'étranger tout le monde reconnaît cette révolution faite dans le jeu à sept algériens et m'attribue l'honneur de sa création. » M. Derouaz est revenu ensuite sur la dernière participation de l'EN à la CAN et estime que, loin de connaître des conditions dans lesquelles s'est préparée l'EN, celle-ci jouait valablement environ 15 minutes avant de sombrer. Il affirme qu'il reste toujours au service de la discipline et apportera toujours sa contribution à chaque fois qu'il est sollicité aussi bien dans le technique ou la gestion. Il estime, en conclusion, qu'il faut vraiment un constat exhaustif de la situation pour y remédier. Il pense que la démarche du ministre de la Jeunesse et des Sports, Yahia Guidoum, est salutaire, car il faut bien nettoyer, mais il ne faut pas éliminer tout ce qui existe déjà.