À la faveur de l'installation du bureau de wilaya de la confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), Habib Yousfi, le président de cette organisation, a focalisé son propos sur les principales préoccupations des opérateurs du BTPH. En marge de la réunion, il nous en a entretenu : «Nous avons accueilli avec satisfaction la révision du code des marchés qui permet une meilleure transparence dans la passation des marchés publics. Nous l'avons été également lorsque nous avons obtenu la levée des contraintes liées à l'obtention de la qualification professionnelle des entreprises. Mais, après la tripartite, nous avons dû déchanter parce que ce que nous avons obtenu, a été repris en raison d'une lecture restrictive du code des marchés, cela en certaines wilayas, mais encore par le biais d'une confection des cahiers de charge des marchés qui ferme toute possibilité aux entreprises algériennes de soumissionner à un marché public». Sans se perdre en circonlocutions, Yousfi accuse les concepteurs de ces cahiers de les tailler à la mesure des entreprises auxquelles ils destinent tel ou tel marché : «On y inscrit des conditions d'éligibilités telles que les indésirables sont exclus. Et cela est valable dans tous les secteurs d'activité. Inutile de vous dire que la corruption a trouvé par ce biais un moyen commode de prospérer». À ses côtés, un des participants s'étonne que l'on puisse même imposer des conditions d'éligibilité : «Avec nos certificats de qualification, ne sommes-nous pas déjà qualifiés et classifiés au préalable ? Pourquoi en rajouter si n'est pour par exemple éviter d'attribuer un marché qui, selon son descriptif, doit objectivement revenir à une entreprise de classe 4 ? Car que fait-on avec le cahier de charge, on y inscrit des conditionnalités équivalentes à la classe 6, et le tour est joué !» Le président de la CGEA explique : «De la sorte, on se retrouve loin du quota de 25% de la commande publique qui doivent revenir aux entreprises nationales, selon l'instruction du Président de la République. Or ces entreprises qu'on marginalise, et qui sont au nombre de 1600, c'est tout de même 48 000 emplois ! C'est ainsi que l'on pousse les gens à descendre dans la rue pour protester contre le chômage !» Le vice-président de la confédération, Mohamed El Amine Gourmala, citant son propre exemple, assène : «Ecoutez, j'ai réalisé deux importantes stations de dessalement pour ce qui est des gros-œuvres, ce n'est pas rien comme niveau de qualification ! Mais voilà je les ai exécutés en tant que sous-traitant d'une entreprise étrangère qui a décroché le marché. Elle, alla a livré et mis en place les équipements. À Honaine, j'ai achevé les travaux au bout de 11 mois au lieu des 24 contractuels, ce qui a permis à l'entreprise étrangère de réaliser un gain énorme en termes de délais. Et dans cette affaire, tous les lauriers sont revenus à l'entreprise étrangère. Mieux, elle a engrangé une plus-value qui aurait pu revenir à mon entreprise ou au trésor algérien. Pourquoi n'a-t-on pas scindé le marché en deux ? L'un pour le gros œuvre et l'autre pour les équipements ? Je vous assure que des entreprises comme la mienne, il y a en a 13 à la douzaine», conclut notre interlocuteur.