La vice-présidente de la Confédération générale des entrepreneurs algériens (CGEA), Saïda Neghza, a tiré à boulets rouges sur le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme et sur toutes les institutions qui lui sont affiliées, notamment les maîtres d'ouvrage qui prennent en charge la commande publique, lors d'une conférence de presse organisée, hier, à la Maison de la presse Tahar-Djaout pour une évaluation des résultats de la tripartite. «Si nous ne recevons aucune réponse à nos doléances dans les brefs délais, nous irons à la grève», lance- t-elle d'un ton menaçant, devant une assistance composée essentiellement d'entrepreneurs et de journalistes. L'intervenante a énuméré d'innombrables institutions qui handicapent le travail de l'entrepreneur algérien, tels les banques, les impôts, les maîtres d'ouvrages et les bureaux d'études ainsi que les problèmes des cahiers de charges, des marchés publics, la qualification des entreprises et les créances détenues par les entreprises auprès de l'administration et dénoncé par la même occasion l'absence de dialogue avec les pouvoirs publics en ce qui concerne le secteur du BTPH, en affirmant que toutes les déclarations faites pour promouvoir les entreprises algériennes ne sont qu'un leurre. «Nous avons sollicité l'aide de l'Etat à commencer par le ministère de l'Habitat et ce, depuis des années, mais jusqu'à présent, aucun écho». Elle ne s'arrête pas là : «Nous ne sommes pas des khamassines chez eux (les maîtres d'ouvrages,ndlr).Le ministère de l'Habitat a fermé toutes les portes devant nous. (…) qu'il fasse son travail convenablement, ou qu'il plie bagages», fustige-t-elle. Et d'ajouter : «Le président de laRépublique a bien ordonné de donner la priorité aux entreprises nationales, mais force est de constater que ceux qui travaillent sous ses ordres veulent anéantir son programme.» Concernant les résultats de la dernière tripartite du 29 septembre, la vice-présidente dira : «Nous avons émis des réserves.» En ce sens Sid Ali Abdelaoui, conseiller du président de la CGEA et qui a assisté à la tripartite prendra la parole pour expliquer que : «Globalement, nous ne sommes pas contre les résultats de la tripartite, mais reste le volet du BTPH, puisque les doléances portées par la Confédération et les opérateurs en charge du BTPH pendant le groupe de travail ne sont pas ressorties dans le document final», en poursuivant : «L'intervention du président de la Confédération, au lendemain de la tripartite a fait savoir que nous n'avons pas validé ces résultats, d'où la conférence d'aujourd'hui pour essayer de trouver des solutions.» Les représentants de la CGEA de différentes wilayas, Ain Defla, Sidi Bel-Abbès, Blida et Chlef ont tous déversé leur ras-le-bol quant à la bureaucratie et la corruption qui règnent dans le milieu du BTPH. «Ce sont des cahiers des charges sur mesure qu'ils font», lance l'un, furieux et un autre d'ajouter, dépité : «Les articles du nouveau code des marchés sont en non-conformité et handicapent le travail de l'entrepreneur.» Dans son communiqué, la CGEA fait état d'une analyse des résultats découlant de la tripartite, liés au secteur du BTPH et qui relève que le rapport présenté à la tripartite «n'a pas fait l'objet d'une installation officielle regroupant l'ensemble des partenaires». Il est noté aussi que le département ministériel concerné «semble figé dans ses positions qui ne concourent pas à l'appréciation de la vision des hautes autorités et qu'il veut aller vers la confortation de l'outil économique local à travers la priorité dont il doit bénéficier». Le comité de la direction de la CGEA estime que 1 600 entreprises du secteur ont été marginalisées pour l'accès à la commande publique. Il s'interroge sur l'application des directives du président de la République par un département ministériel qui pourrait «entrevoir des facilitations à l'instar du département ministériel des travaux publics lequel a ouvert toutes les portes pour mobiliser l'entreprise algérienne». Le communiqué rapporte que le comité de la CGEA ne donne pas son aval au groupe de travail installé par le ministère de l'Habitat sans le consensus des opérateurs du secteur.