Les crises qui secouent le Monde arabe et leurs répercussions sur la production pétrolière et l'offre d'énergie en général ne devraient pas inquiéter outre mesure les pays consommateurs. Tel est le message que veulent faire passer les pays exportateurs arabes, à leur tête les monarchies du Golfe. Réunis hier lors du 20e Congrès mondial du pétrole (WPC) dans la capitale qatarie, Doha, ces derniers ont tenu, de prime abord, à rassurer l'ensemble des intervenants sur le marché mondial du pétrole. «Les événements dans la région arabe ont provoqué des inquiétudes concernant l'offre d'énergie. Nous pensons que l'offre va surmonter les crises d'instabilité au Moyen-Orient», a assuré l'émir du Qatar, Khalifa Ben Hamad Al Thani, dès l'ouverture du congrès. Relayé par l'Arabie Saoudite qui s'est dite prête à compenser toute pénurie grâce à des niveaux de production élevés. Le Qatar, premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié, a précisé agir en coordination avec les autres producteurs, rappelant par la même l'engagement pris de maintenir l'offre de pétrole. Le souverain qatari ne fera, cependant, aucune référence au cas iranien qui refait surface avec les récentes menaces de sanctions sur l'achat du pétrole iranien proférées par les Etats-Unis et l'Europe. Hier, en marge du congrès, le ministre iranien du Pétrole, Rostam Ghasemi, a affirmé ne pas être «inquiet de la menace que l'Union européenne puisse bannir les importations», alors qu'un député iranien avait affirmé, quelques jours auparavant, que le prix s'envolerait à 250 dollars au cas où les Occidentaux venaient à mettre à exécution leurs menaces contre l'Iran, l'un des tout premiers pays producteurs de brut. Pour sa part, l'Arabie Saoudite, chef de file de l'OPEP, a indiqué que sa production dépassait actuellement les 10 millions de barils/jour (mbj) de brut et de condensats et assuré que le royaume était prêt à compenser toute pénurie. Le ministre saoudien du Pétrole, Ali Al Nouaïmi, a insisté sur le fait que son pays, dont la production pétrolière était de 8,8 mbj en avril dernier, était soucieux de «la stabilité du marché» et qu'il utiliserait sa capacité de réserve pour «répondre à une pénurie dans l'offre ou une hausse inattendue dans la demande». Tout en expliquant que le royaume était déterminé à maintenir «la coopération avec les pays producteurs, en particulier de l'OPEP, afin de réaliser la stabilité sur les marchés», le ministre a ajouté que le royaume va continuer à produire «en fonction de la demande du marché et en tenant compte de l'offre et de la demande mondiales». Il faut dire, à ce propos, que les troubles engendrés par les soulèvements du Printemps arabe ont affecté plusieurs pays de la région puisqu'ils ont conduit à l'interruption des importantes exportations de pétrole libyen, à la perturbation des exportations de gaz du Yémen et l'instauration d'un embargo occidental sur le pétrole syrien. La production dans les pays du Golfe, les plus riches en hydrocarbures, quant à elle, n'a pas été affectée, malgré les troubles dans le royaume du Bahreïn et les manifestations de la minorité chiite en Arabie Saoudite, ainsi qu'au Koweït et à Oman.Hier, les prix du pétrole ont ouvert en hausse à New York, dans un marché qui demeure sous pression. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en janvier avançait de 1,16 dolla, à 102,12 dollars le baril sur le New York Mercantile Exchange.