L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui va perdre un membre après la décision de l'Indonésie de s'en retirer, représente environ 40% de la production mondiale, et son influence sur les marchés pétroliers est considérable. Fondée en 1960 à Bagdad pour répondre à la baisse des cours à l'époque, elle regroupait avant l'annonce du retrait de l'Indonésie treize membres : Algérie, Angola, Arabie Saoudite, Emirats arabes unis, Indonésie, Iran, Irak, Koweït, Libye, Nigeria, Qatar et Venezuela. À l'origine, les pays fondateurs ont mis sur pied l'Opep avec l'idée de se coordonner face aux compagnies pétrolières occidentales, qui ont longtemps imposé leurs tarifs aux pays producteurs, et réguler les prix par des inflexions coordonnées de leur production. Leur influence sur les cours est déterminante depuis 1973, lors de la guerre israélo-arabe du Kippour : le cartel impose alors un embargo sur les pays occidentaux qui soutiennent l'Etat hébreu, ce qui provoque une envolée des prix (multipliés par quatre en quelques mois) et une crise pétrolière mondiale. Même si d'importants producteurs comme la Russie ou la Norvège n'en font pas partie, le poids de l'organisation sur le marché de l'or noir reste significatif. Actuellement, les prix du pétrole évoluent autour des 130 dollars et ont doublé en un an. Les pays de l'Opep estiment que cela ne correspond pas aux fondamentaux du marché et dénoncent la spéculation financière pour expliquer la récente hausse. Ils se sont jusqu'à présent refusés à toute augmentation de leur production pour contrecarrer l'évolution des prix. L'objectif de production de l'Opep est fixé actuellement à 29,673 millions de barils/jour (mbj) pour les pays membres qui observent les quotas de production. Les ministres des pays membres se réunissent de quatre à sept fois par an pour coordonner leurs politiques pétrolières : le système de quotas de production a été introduit en 1982 et leur niveau est rediscuté à chaque rencontre. Outre son pouvoir sur l'offre, l'Opep maîtrise aussi près de 80% des réserves mondiales prouvées. La seule Arabie Saoudite, son chef de file, détient environ un cinquième des réserves mondiales. La production de l'Opep (y compris l'Indonésie mais sans l'Irak qui n'est pas soumis aux quotas de production) en avril était de 29,65 million de barils par jour, selon les chiffres fournis par la Middle East Economic Survey. Sur ce total, l'Indonésie répondait pour 865 000 barils par jour alors que l'Arabie Saoudite, premier producteur de l'Opep, a produit le mois dernier 8,943 mbj, selon les chiffres de la MEES. L'Indonésie a vu sa production décliner régulièrement depuis 1995 et est devenue désormais importatrice nette. Le ministre indonésien de l'Energie et des Ressources minérales, Purnomo Yusgiantoro, a indiqué mercredi que son pays pourrait réintégrer l'Opep s'il redevenait exportateur de pétrole. Les réserves en pétrole de l'Indonésie sont estimées à 4,37 milliards de barils.