La daïra de Timezrit dans la wilaya de Béjaïa attend toujours de voir s'enclencher un semblant de développement. Les prestations du service public sont totalement mises en veilleuse, et les besoins d'une population avoisinant les 30 000 habitants dépassent de loin les projets de développement alloués à la localité. Le déséquilibre maintient le chômage à des taux effarants. Le manque d'infrastructures éducatives, sanitaires et culturelles accentue les difficultés du quotidien. Le réseau routier communal est en nette dégradation. Hormis le tronçon reliant le village Iderraken à El Had, le chef-lieu communal, qui a vu des réaménagements récents, tous les chemins menant vers les villages limitrophes restent dans un état de délabrement avancé. La route de Boussoumer, réalisée en 1978 par la seule volonté des villageois, est dans le même cas. L'état du réseau routier a pourtant fait l'objet de plusieurs actions de protestation menées par les citoyens et la corporation des transporteurs. Une pression qui pour l'heure ne réussit pas à arracher les projets escomptés, alors que les autorités locales réitèrent immanquablement l'incapacité financière de la commune à initier des solutions. Les établissements scolaires, ceux du moyen et du secondaire notamment, continuent à subir l'instabilité. Ainsi, la rentrée scolaire est souvent décalée de plusieurs semaines, comme c'est le cas au CEM Djima et au lycée Iderraken. Conséquence : le taux de réussite au bac n'a pas dépassé les 13% depuis 2002. A cela s'ajoute le taux d'exclusion alarmant enregistré chaque année dans l'ensemble des établissements. Aucun CEM n'est par ailleurs doté de cantine scolaire, alors que les navettes des élèves restent aléatoires en raison de l'absence d'une véritable politique de transport. En matière de couverture sanitaire, il est utile de signaler que la daïra de Timezrit n'a eu sa propre polyclinique qu'en 2000. La structure peine à assurer la couverture d'une population de plus en plus importante et éparpillée sur une vaste étendue territoriale. « Nous sommes une agglomération de 8000 habitants. L'unique unité de soins supposée couvrir la population ne dispose même pas de médecin », déplore un habitant d'Ighil Amar. L'exclusion scolaire et la misère sociale sont autant d'ingrédients qui ont généré des fléaux sociaux redoutables et jamais connus auparavant. La drogue circule et intéresse de plus en plus de jeunes. Beaucoup d'entre eux se livrent à la délinquance, voire au banditisme. La recrudescence de ces fléaux est favorisée, soutiennent les citoyens, par le « retrait total » des services de sécurité sur le terrain, notamment depuis les événements de Kabylie en 2001. Plusieurs vols, attaques à main armée et intimidations sont signalés par des villageois. « J'ai été braqué en pleine journée au centre de la commune par un drogué en proie au délire me menaçant d'un couteau », raconte un commerçant. Un enseignant garde encore intact le souvenir d'une agression subie l'année dernière au sortir d'un établissement scolaire.