L'œuvre de Aïcha Filali est exposée au Musée national de l'art moderne et contemporain d'Alger (Mama) à la faveur du troisième Festival international de l'art contemporain (FIAC 2011). Tunis. Avenue Bourguiba. Un bâtiment public aux fenêtres opaques. Le siège du ministère des Affaires de la femme, de la famille, de l'enfance et des personnes âgées. «Autant mettre tous les défavorisés dans le même bâtiment», soutient Aïcha Filali, designer, céramiste et photographe tunisienne. Ce bâtiment officiel, presque sans vie, s'anime avec des «percées» de la Tunisie profonde, celle que le régime de Zine Al Abidine Ben Ali Leila Trabelsi a délaissé pendant plus de vingt ans. Les fenêtres fermées et monotones prennent des couleurs de la vie ordinaire. Aïcha Filali a sillonné Tunis, loin des palais de Carthage, La Goulette et El Marsa, pour prendre des photos de maisons et fenêtres. Avec un poétique montage, le bâtiment porte soudainement «le désordre» du vécu des Tunisiens, ceux qui vivent la misère du temps qui passe. «Laisser le désordre advenir, ne pas en avoir peur ; c'est le signe même de la vitalité…», soutient l'artiste. L'œuvre de Aïcha Filali est exposée au Musée national de l'art moderne et contemporain d'Alger (Mama) à la faveur du troisième Festival international de l'art contemporain (FIAC 2011). Ancienne directrice de l'Institut des beaux-arts de Tunis, Aïcha Filali dirige le Centre des arts vivants de Radès. Depuis plus de quinze ans, elle a exposé partout. Chacune de ses expositions portent un titre : «Portraits», en 1984, «Terre, fer, bois et or», en 2000, «Univers féminin» en 2005, et «Le parcours monstrueux» en 2006. Aïcha Filali est auteur de deux belles biographies sur Yahia Turki, le père fondateur des arts plastiques en Tunisie, et sur Safia Farhat, une pionnière de la peinture tunisienne. Le Centre des arts vivants de Radès a été créé par Safia Farhat qui fut (elle est décédée en 2004) décoratrice, dessinatrice, tapissière, peintre et céramiste. Elle était un modèle pour Aïcha Filali.