Mohammed Ghafir, connu sous le nom de «Moh Clichy», nous offre un gisement inépuisable des faits historiques qui marquent, jusqu'à nos jours, les esprits sur les événements de la manifestation pacifique du 17 Octobre 1961 à Paris (France). Son ouvrage, de 380 pages, vient de voir le jour à l'occasion de la célébration du cinquantenaire du soulèvement pacifique de la communauté algérienne en France, d'une manière générale, et de Paris, d'une manière particulière. L'œuvre de Moh Clichy a été conçue d'une façon incroyable, afin que la lecture de ce livre d'histoire authentique et crue du peuple algérien soit plus aérée et pas du tout ennuyeuse. L'auteur, militant de la cause nationale, le moudjahid Moh Clichy, a enrichi son témoignage par l'insertion de documents historiques, donnant ainsi plus de crédibilité à son récit. Le livre est préfacé, faut-il le souligner, par d'éminentes personnalités, en l'occurrence Jean Luc Einaudi et Aïdoun Boualem. Le parcours de Mohammed Ghafir, à l'instar de nombreux militants de la cause nationale, aura été marqué par une succession d'événements historiques. D'ailleurs, le moudjahid Kaddour Ladlani, compagnon de Mohamed Boudiaf et Didouche Mourad, avait déclaré à la Chaîne III à l'occasion de la célébration du 38e anniversaire de la manifestation du 17 Octobre 1961 : «Sachez que l'idée du 1er Novembre 1954 a germé à Paris, sur les bords de la Seine, la fin de la glorieuse révolution algérienne a eu lieu ce 17 Octobre 1961, sur les mêmes bords de la Seine, avec l'indépendance comme aboutissement.» Mohammed Ghafir cite les noms des différents acteurs ; héros et sinistres personnages qui ont joué leurs rôles respectifs en France et en Algérie. La touche de Moh Clichy dans ce document volumineux sur «la bataille de Paris» permet aux lecteurs de se cultiver naturellement, mais surtout de découvrir la réalité de la résistance et les souffrances du peuple algérien, ainsi que l'engagement d'Européens qui avaient adhéré à la cause juste des Algériens sans aucune hésitation, avant que l'Algérie n'arrache son indépendance en 1962. Mohammed Ghafir évoque, avec une grande émotion, le sacrifice de la jeune lycéenne Fatima Bedar, qui a rejoint les manifestants juste après la sortie des classes, alors que son père et sa mère se trouvaient parmi la foule des manifestants sur les bords de la Seine. Les forces françaises ont arrêté l'adolescente algérienne qui a subi d'affreuses tortures. Son corps a été mutilé par la police française avant d'être jeté sans vie dans la Seine. L'auteur, Ghafir Mohammed, nous dira : «Je suis soulagé moralement avec la sortie de mon témoignage, maintenant si je quitte ce monde, je serai tranquille dans ma tombe, après la publication de mon essai.» Droit d'évocation et de souvenance, ce livre hautement utile est édité en Algérie par Encyclopédia. Ces témoignages contribuent à l'écriture de l'histoire de l'Algérie, que certains continuent à étouffer.