Originaire de la région des Ziban, connaissant très bien la filière phœnicicole, Gammari Messaoud, président de la Chambre d'agriculture de la wilaya depuis 2006, a bien voulu répondre à nos questions. - Selon les chiffres en notre possession, 500 000 palmiers-dattiers sont entrés en production cette saison. Le confirmez-vous ? Effectivement, mais ce sont encore de jeunes palmiers (djabbar) mis en terre en 2005 et qui ne produisent que de 20 à 30 kg de dattes chacun. Le palmier-dattier des Ziban atteint sa maturité productive maximale 10 ans après avoir été planté. Cette année, la qualité des dattes est excellente. Si nous continuons à planter cet arbre miraculeux, la production ira évidemment crescendo et les effets sur la vie économique de la région ne peuvent que s'en ressentir. - Quel est l'impact direct de cette augmentation de la production de dattes sur le marché intérieur ? Les prix vont-il baisser ? La datte est encore trop chère pour le client lambda. Cette année, les producteurs l'ont carrément bradée en la vendant sur pied. Elle coûte de 300 à 400 DA le kilo chez les détaillants mais les producteurs l'ont vendue entre 70 et 160 DA pour la meilleure qualité. Ce sont les trop nombreux intermédiaires et négociants qui profitent de ce marché, tandis que les clients et les agriculteurs sont défavorisés. Il faudrait aider les producteurs de dattes à s'équiper de chambres froides et réguler le marché en éliminant tous les spéculateurs. - Est-il possible que les agriculteurs de Biskra augmentent les superficies des palmeraies ? Si oui, quels en sont les obstacles ? Nous n'utilisons aujourd'hui que 10% des terres agricoles de Biskra, où le palmier-dattier peut croître. Nous avons la volonté de poursuivre l'extension des palmeraies. Cette année, nous avons environ 500 ha de terres en plus dévolues au palmier-dattier. Mais le développement des zones phœnicicoles reste tributaire des ressources hydriques et de leur disponibilité. - Quelles aides offre l'Etat aux producteurs de dattes ? Il faut noter que l'agriculture en général et particulièrement la phœniciculture ont ressuscité avec le PNDRA. L'Etat continue de soutenir les producteurs de dattes par la prise en charge de 60% des travaux d'irrigation, de 60% des frais engagés pour planter un palmier et par la gratuité des campagnes de lutte phytosanitaire. A ce chapitre, je dois dire que nous incitons les producteurs de dattes à se professionnaliser sans attendre les aides de l'Etat. - Que diriez-vous si l'on vous demandait de citer trois mesures urgentes à prendre en faveur des phœniciculteurs ? Je pense que l'intensification des moyens de lutte contre les ravageurs de la datte comme boufaroua et le myellois est la priorité des priorités car ces parasites mettent réellement en danger la production de dattes. En second lieu, je dirai qu'il faut faciliter aux fellahs l'accès aux crédits Rfig et éradiquer cet esprit d'assistanat survivant encore dans les mentalités. Enfin, vu l'importance de ce créneau d'activité pour l'économie nationale, j'exhorte les pouvoirs publics à ne pas abandonner l'agriculture. Elle fait vivre des milliers, voir des millions de gens. - Peu de gens savent que le 12 décembre est la Journée nationale de la datte en Algérie. A quoi attribuez-vous cette méconnaissance ? L'année prochaine, nous ferons coïncider cette journée avec la Fête de la datte tenue annuellement à Biskra. Cette journée, qui a pour but de promouvoir ce produit du terroir dont les qualités nutritives ne sont plus à démontrer, devrait être célébrée par la télévision, la radio et les habitants des Ziban, mais elle n'a pas encore eu les échos convenant à la datte.