L'enquête policière sur l'incendie qui a ravagé deux dépôts des services des Douanes au port d'Alger s'achemine vers la présentation de nombreux douaniers devant le tribunal d'Alger. Une information judiciaire a été ouverte pour, entre autres, le délit de «dilapidation de deniers publics». L'affaire avait fait couler beaucoup d'encre et suscité de lourdes interrogations. Il s'agit de l'incendie qui a ravagé, il y a plus d'une semaine, deux des trois dépôts des services des Douanes d'Alger-Port. Des dépôts de marchandises en situation de contentieux judiciaire, mais également en instance de procédure de dédouanement. Les premières estimations du préjudice financier font état de 750 millions de dinars. Quatre enquêtes ont été ouvertes afin de déterminer les circonstances d'un tel sinistre, qui aurait pu embraser le port d'Alger, du fait de la présence de produits pyrotechniques parmi la marchandise calcinée. D'abord, celles de l'Inspection générale des finances (IGF) et de l'Inspection générale des douanes (IGD) puis celle de la Cour des comptes et celle des services de police judiciaire. Si pour l'instant, aucune information des trois premières n'a circulé, les investigations de la police approchent de leur conclusion. De nombreux douaniers, dont des responsables, comme le receveur du port d'Alger, le chef de l'inspection divisionnaire (CID) ainsi que le directeur régional ont été, plusieurs fois, interrogés par les éléments de la police judiciaire. Selon des sources proches du dossier, l'enquête va bientôt se terminer et d'ici la fin de semaine, l'ensemble des mis en cause seront présentés devant le parquet pour le délit de «dilapidation des deniers publics». De nombreux douaniers au fait de cette affaire craignent que le dossier soit traité «uniquement dans le but de régler des comptes à certains cadres qui ont tenté de donner un coup de pied dans la fourmilière». Nos interlocuteurs expliquent leur crainte par «l'orientation des quatre enquêtes, installées, selon eux, pour trouver un bouc émissaire et non pour faire la lumière sur les circonstances qui ont permis aux pyromanes d'accéder aux deux dépôts de marchandisse, mais également au service du contentieux qui a fait l'objet d'un vol de 7 boîtes d'archives et de 3 unités centrales de micro-ordinateurs». Ceci les pousse à se demander si ces enquêtes «ne sont pas ouvertes dans le seul but de détourner l'attention sur les vrais auteurs de l'incendie et du vol des archives ainsi que leurs complices». En tout état de cause, cette affaire n'est que la parfaite illustration de la puissance dangereuse de la maffia de l'import-import qui a ses relais au sein des institutions de l'Etat, notamment l'administration douanière, puisque en dépit de la prohibition de l'importation des produits pyrotechniques, de nombreux containers continuent de transiter par le port d'Alger. Certains sont entreposés durant des mois, voire des années, attendant le moment propice où un complice viendra leur ouvrir les portes du port d'Alger pour aller déverser les pétards sur le marché. Aujourd'hui, seule une enquête impartiale et sérieuse peut situer les responsabilités dans l'incendie des dépôts de marchandises sous douane, dont des liens avec le vol des dossiers d'archives de contentieux ne sont pas à écarter.