Les mélomanes oranais ont eu le privilège, cette semaine, de venir écouter, avec grande joie, la prestation savoureuse de Mariana Panova dans la salle des spectacles du Centre Culturel Français. Cette cantatrice, au talent avéré, était de passage en Algérie, le temps d'un tour de chant qui l'a menée à Oran et à Tlemcen et, cela, accompagnée au piano par le nom moins talentueux Vesko Stambolov, lui-même d'origine bulgare. Native de Sofia, cette jeune diva y a consacré sa jeunesse à des études supérieures à l'Académie Nationale de Musique et, cela, avant de s'envoler pour l'Hexagone où elle a entamé une carrière de soprano. Son acolyte, lui, est de renommée internationale pour avoir reçu, à plusieurs reprises, de prestigieuses distinctions, dont la plus célèbre est sans conteste «le Grand Prix et le Prix Spécial du comité Chopin» du concours international Albert Roussel de Paris. Petit clin-d'œil au pays dans lequel elle se produisait, c'est tout naturellement par un extrait de «L'Italiana in Algeri» de Rossini qu'elle a ouvert son concert d'opéra. S'ensuivront ensuite des morceaux choisis des compositeurs Shumann, Charpentier, Debussy, Ravel, Léo Delibes, Isaac Albéniz et, pour finir, Fernando Obradors. Toutes ces partitions ont eu cette particularité d'être teintées d'accents «arabesques». Là est, d'ailleurs, pour certains dans le public, le talon d'Achille de cette représentation, pourtant sublimement interprétée: sous le prétexte de se produire dans un pays dit arabe, le choix de la cantatrice s'est porté exclusivement sur des morceaux «orientaux» alors que d'aucuns dans l'assistance auraient préféré ouïr des extraits on ne peut plus «universels». Mais qu'à cela ne tienne : cette lyrique «orientale» a reçu les bonnes grâces du public, venu en grand nombre, puisqu'il l'a nourrie, à maintes reprises, d'applaudissements. En solo, Vesko Stambolov a interprété «arabesques», respectivement de Schumann et Debussy. De Ravel, la cantatrice a interprété trois poèmes extraits de «Shéhérazade» : Asie, la flûte enchantée et l'indifférent. «Les filles de Cadix» de Delibes furent aussi en l'honneur, joliment portées par la voix duveteuse de Panova. Elle a chanté, également, avec plein de grâce, «la soirée dans Grenade» de Debussy, suivie par «Estampes» interprété en solo par le pianiste. Enfin, pour clore la représentation, le public a eu droit à «Coplas de curro dulce» de Fernando Obradors. Durant cette belle soirée toute en musique, les «mordus» du classique ont pu se régaler.