«Que le spectacle commence» est le nom symbolique de ce récital qui nous entraînera dans l'ambiance des comédies musicales d'antan, entre souffle et romantisme... Le Centre culturel français a abrité, lundi dernier, un événement exceptionnel plutôt singulier rarement vu au CCf, un récital de chant d'opéra emmené par la diva mezzo et soprano Mari Kobayashi. Elle était accompagnée du pianiste et compositeur japonais Fuminori Tanada. Après des études musicales dans son pays natal, le Japon, Mari Kobayashi obtient une maîtrise puis un doctorat à l'université nationale de musique de Tokyo. Elle poursuit sa formation au Cnsm de Paris où elle obtient, en 1987, le Prix d'art lyrique puis en 1989 le Prix d'interprétation de musique vocale ancienne. Son vaste répertoire s'étend du baroque à la musique contemporaine. Ce soir, à Alger, elle nous en donnera la preuve par ce bel et large témoignage vocal. Une démonstration qui a ému l'hétéroclite assistance. Mme Mari Kobayashi a entamé son tour de chant par le célèbre morceau New York New York du compositeur et scénariste américain, John Kander suivi de Love is here to stay, extrait du film musical américain réalisé en 1938, The Goldwyn Follies, dont le morceau est composé ici par George Gershwin. La sublime voix de la cantatrice nous immergera par la suite dans la merveilleuse ambiance du film You Were Never Lovelier (1942) avec le célèbre duo Fred Astaire et Rita Hayworth interprétant I'm old fashioned de Jérôme Kern. George Gershwin est revisité avec la chanson By Strauss composée en 1936. Le public est émerveillé par la voix modulable de l'artiste qui égayera l'atmosphère avec le morceau People, extrait de Funny Girl (1968), un film musical américain de William Wyler sorti en 1968. Et encore un beau morceau de George Gershwin qu'on a eu à savourer avec entrain, un extrait notamment de Girl Crazy, une belle comédie musicale de George et Ira Gershwin, créée à Broadway en 1930, avant le changement de registre. Shéhérazade (trois poèmes de Tristan Klingsor, Asie, La flûte enchantée et L'indifférent sont les quelques morceaux pleins de magie et de romantisme du célèbre compositeur français de l'époque moderne, Maurice Ravel, que la soprano interprétera avec majesté et grâce. Puis c'est le moment de la pause. Place au répertoire populaire argentin avec le compositeur Carlos Guastavino, l'un des créateurs musicaux les plus importants d'Argentine. Il est considéré comme l'un des plus grands de ceux qui ont écrit pour la voix dans son pays. Sa production dépasse les 200 pièces, la plupart d'entre elles destinées au piano et à la voix humaine. ça tombe bien, c'est le cas présentement. Son style dit-on, est «tonal et d'un romantisme luxuriant». Ses pièces, comme La Rose et le saule ou encore Pampamapa, raviront de plaisir le public qui goûtera à la poésie de Guastavino lequel est vu comme «le représentant le plus important du romantisme national argentin.» Lauréate de plusieurs prix internationaux prestigieux, Mari Kobayashi démontrera durant plus d'une heure de concert l'étendue et puissance de voix à maintes reprises tout en soulignant par moment la douceur veloutée de sa tonalité en abordant des chansons d'amour et de souffrance humaine. La dernière partie du concert a été consacrée aux somptueuses compostions de Léonard Bernstein, dont A litlle bit in love, extrait du film Wenderful town (2007), mais aussi deux superbes extraits de la comédie musicale West side story, Could be et Maria. Standing ovation puis de retour sur scène. Mari Kobayashi interprétera en finish et en guise de cadeau pour le public algérois My love is Paris. Traversé parfois d'humour, le récital de la mezzo et soprano fut plein de délice et de charme. L'artiste tentera par moment de communiquer avec le public en lui expliquant les textes des chansons pour être en phase avec lui. Ce dernier l'a chaleureusement acclamée. Preuve que la musique est parvenue à toucher les coeurs. Et c'est l'essentiel.