Transit, en lice pour le Wihr ed'dahabi, était à l'affiche dimanche dernier à la salle Es Saâda, dans la séance de 18h. Ce long métrage, du tout jeune réalisateur Mohamed Alhochki, représente la Jordanie dans le Festival d'Oran du film arabe, dont la clôture est prévue ce jeudi. Le film retrace, avec force détails, les désillusions de Leïla, jeune femme de 36 ans, qui se réinstalle dans sa ville natale, à savoir Amman, après un exil d'une quinzaine d'années aux Etats-Unis. C'est la mort dans l'âme qu'elle découvre un pays qu'elle ne reconnaît guère, où l'islamisme rampant, même de manière subsidiaire, y est prédominant. Pour autant, Leïla ne va en rien se croiser les bras et continuera, malgré tout, à mener une lutte en solo, au sein de cette société régressive, pour se faire imposer et imposer sa manière d'être. Au travers de ce portrait poignant, où en bien des points le franc-parler de la principale antagoniste nous fait rappeler les fameuses répliques de Gina Lollobrigida (notamment dans Pain, amour et fantaisie), Mohamed Alhochki décrit, avec dextérité, les changements de mentalités qui s'opèrent, au fil des ans, au sein des sociétés arabo-musulmanes et du conservatisme «obséquieux» qui finit, bien souvent, par y prévaloir. Leïla se rendra compte, à sa grande désolation, que la régression, tellement abyssale, a fini par atteindre les personnes que, jadis, elle avait côtoyées, à l'image de sa meilleure copine, portant désormais le foulard, et ne tolérant plus les galéjades déplacées. Il s'agit d'une fresque sur le déracinement de ceux qui retournent dans leur pays natal, après un long exil dans des pays, de mœurs autres. On peut reprocher, peut-être, l'omniprésence de l'actrice principale, Saba Mubarak, qui, bien que crevant l'écran, on l'a voit dans la quasi-totalité des scènes du film. N'empêche : son caractère atypique et marginal ne manquera pas de la rendre attachante auprès des spectateurs, et cela dès les premières scènes ! C'est un film poignant du tout jeune réalisateur Mohamed Alhochki, dont la profondeur de cette œuvre lui fait présager, à tous les coups, une carrière pétillante dans le septième art. C'est toute la spécificité des basculements qui s'opèrent au sein des sociétés arabo-musulmanes qui est mise là en exergue dans cette œuvre mûre, où le public a eu à découvrir de talentueux acteurs, comme Ashraf Farah, Mohammed Kabanni, Shafika Shadow, Tarik Nafa Haïfa El Agha…